Esthétichienne…

Je reviens de chez mon esthéticienne.

Cool, vous dites-vous. Quelle vie trépidante.

Non mais c’est parce que bon, en fait, je trouve important que vous sachiez ce que je vis environ toutes les 3 ou 4 semaines. Et puis ça vous permettra, si vous vivez la même souffrance, de le faire savoir au monde entier.

Bon, c’est pas non plus la fin du monde, hein, mais je pense que si les femmes sont plus résistantes à la douleur, c’est pas pour rien. En cas de guerre, envoyez les femmes pour les interrogatoires : ce n’est pas demain la veille qu’elles vendront un secret d’état : la torture chinoise, elles connaissent, elles ont de l’entraînement à la souffrance.

Donc, j’imagine que vous l’aviez saisi, je suis allée me faire épiler.

Je te vois rire, toi, Machin. « C’est bon, tu vas pas nous chier une pendule pour trois poils en croix ». Je t’arrête tout de suite à coups de parpaings. La Nature ne m’a pas dotée de 3 poils en croix. Que nenni. Tout ce qu’elle ne m’a pas donné en centimètres de jambes, elle me l’a filé en poils. A croire qu’elle a voulu me protéger d’un climat hivernal ou un truc du genre. Après on s’étonne que je n’aime pas les promenades en forêt : je n’aime pas la nature, je lui en veux. Voilà.

Parenthèse : moi, y a deux choses qui me dégoûtent dans le corps humain : les pieds (ou alors ils sont nickels chrome) et les poils. Chez les mecs, je trouve que la moindre des corrections si on est du genre italien échappé de la Sicile, c’est une petite taille d’entretien. Le torse, c’est une chose (d’ailleurs c’est une chose que je porte aux nues en règle générale). Mais le dos, je reste convaincue qu’un article de loi interdisant le port du poil dorsal est bien plus important que tous ces débats à la con sur le port du voile.

Bref, l’esthéticienne donc.

Comme à chaque fois, elle commence par les jambes côté face. Plutôt gérable après des années. Genre elle peut me faire ça pendant que je bouquine, je ne sursauterai même pas d’un poil (ha ha, la douleur me rend drôle non?).

 Puis… puis… le MAILLOT.

Parenthèse bis : Oui, mon rejet du poil va jusque là. Chez moi, tout y passe (oui, oui, les bras aussi). Enfin quand je dis tout. J’avais demandé une fois une épilation intégrale. Atroce. Un croisement entre un nourrisson et un poulet de chez Carrefour. Gênée pendant trois bonnes semaines. Non, non, ticket de métro, c’est parfait.

Sauf que c’est un calvaire. Elle commence par le haut. La cire est brûlante. Je reste stoïque mais genre stoïque « ME DEMANDE PAS DE PARLER BORDEL JE SERRE LES DENTS TA GUEULE CONNASSE FAIS TON JOB ET MAGNE TOI ».

Puis viens la phase humiliante. « Levez-la jambe s’il vous plaît ». Humiliant et douloureux.

Le côté humiliant, après un certain temps, on s’en fout. Mais la douleur, putain de merde. La cire est brûlante. Au premier passage, tu gères. Au second, tu te prépares à demander une péridurale. D’ailleurs, je pense qu’une péridurale avant toute épilation devrait être remboursée par la sécu.

Et cette musique zen si délassante en plein massage devient une sorte de mini-vrille en pleine tête.

Tu te demandes 342 fois pour quelle étrange raison tu t’infliges un truc pareil, tu te prépares à remettre consciencieusement en question toutes tes convictions sur la vie, sur la femme et l’être humain en général.

Elle finit. On se dit ouf. Mais non, elle est consciencieuse, ma madame. Elle sort la pince. Sur une peau rouge,  à la limite de la brûlure au 35ème degré, elle chipote. « Ce n’est pas tout à fait droit »

MAIS JE M’EN FOUS. Personne va mater à la loupe ou il aura mieux à faire, enfin ! Je la hais jusqu’au tréfonds de mon être.

Puis je rentre en regrettant amèrement avoir mis un jean.

Et là, l’amoureux : « T’es allée chez ton esthé ? 

–          Ouais. Et te fais pas d’illusion. Tu toucheras pas le résultat avant demain. »

Et c’est la même chose tous les mois.

Vivement les 85 ans moi je dis.

PS : je propose aussi qu’on inflige aux hommes au moins une fois dans leur vie ceci :

Ou mieux, ceci :