Quand tu es petit, tu imagines que ta maman, c’est une sorte de reine parfaite et merveilleuse. Puis tu grandis et forcément, tu te rends compte que non, elle n’a pas raison sur tout, n’est pas auréolée d’une lumière divine et n’est ni la meilleure cuisinière du monde, ni la plus belle de la terre, ni la chef des femmes de la terre. Après avoir surmonté ta déception, tu te remets, tu continues ta route et tu l’aimes bien parce que bon, c’est ta maman.
Tu as l’âge d’être mère et TU. SAIS. TOUT.
Tu sais comment tu feras, tu sais que tes enfants à toi, ils iront dormir à 20h00, après avoir mangé un repas ultra équilibré sans sucre, ils ne boiront que de l’eau, ne mangeront pas de chocolat, il sera hors de question qu’ils regardent la télévision, qu’ils jouent à la console, qu’ils aient un téléphone avant 16 ans ou qu’ils touchent aux réseaux sociaux avant leur maturité parce que toi, tu SAIS. Et non, tu ne feras pas comme tous ces parents qui laissent l’éducation des enfants aller à vaut-l’eau.
Tu donnes des leçons aux parents que tu croises. Tu leur annonces que toi, tu feras mieux. Que tu ne juges pas hein, non, non, juste tu feras mieux parce que tu estimes que blablabla.
Alors d’emblée, on t’a dit que tu allais l’aimer à la seconde où tu le verrais. Et si la magie n’opère pas, admettons par exemple, qu’après 20 heures de travail, tu sois tellement sonnée que tu ne comprends pas ce qui t’arrive, tu commences de suite à culpabiliser.
Après 4 minutes de maternité, tu doutes déjà. Ou pas. Parce qu’il y a bien entendu des bénies qui sont tout de suite opérationnelles, mais si toi, tu as le malheur de ne pas comprendre l’astuce de suite, tu t’en veux déjà. Et d’ailleurs, autant te dire que tu es partie pour 20 ans et plus de questionnements et autres peurs diverses et variées.
Tes grandes ambitions maternelles fondent ensuite comme neige au soleil.
Entre tous les conseils que te filent les bien-pensants, les déjà-mères 4 fois, les pas encore mères mais qui savent, les autres qui ont lu des livres, tu perds ton latin. Tu commences à te prendre le chou sur la question épineuse des écharpes de portage, sur le sens dans lequel Poussin doit dormir, sur la mort subite du nourrisson, sur l’heure des biberons, sur « a-t-il assez bu? », sur l’allaitement, sur le sommeil, sur les vêtements trop serrés, pas assez serrés, est-il assez couvert?
Pas ce que tu veux hein. Ah non non. Ne nous mentons pas : personne ne fait ce qu’il veut en matière de maternité. Personne.
L’alimentation? Bah t’es déjà content quand Poussin mange, parce que tu veux surtout qu’il mange et grandisse. Comme tu ne sais vite plus quelle théorie est la bonne, tu t’inventes la tienne et advienne que pourra.
Le sommeil? Tu fais comme tu peux. Tu essaies déjà de survivre aux trois premiers mois si tu n’as pas la chance d’avoir un bébé dormeur et ensuite, tu essaies de te relever pour continuer quand même à assurer.
La télé? Assez vite, tu admets que, quand même, bénéficier de 10 minutes de pause parce que Poussin est captivé par Dora l’Exploratrice, c’est appréciable.
Dans ta tête, elle est toujours là. D’ailleurs elle est partout encore une fois. Elle est sur Instagram, sa silhouette de rêve récupérée après 3 semaines quand tu te trimballes encore 10 kilos de trop. Elle est à la télé dans la pub pour un café à deux balles, rayonnante au réveil, alors que tes cheveux n’en finissent plus de rebiquer. Elle est à ton boulot, s’extasiant sur les exceptionnelles qualité de Jean-Edouaaaaard qui vient se sauter trois classes et d’obtenir un master en tennis. Elle est aux réunions de famille, avec son Poussin à elle qui reste miraculeusement assis à table sans moufter à 18 mois quand ton Poussin de 3 ans trotte sous la table à la recherche de la queue du chat.
Alors tu essaies de t’aligner. Tu t’imposes et imposes à Poussin des règles qui ne sont même pas les tiennes pour coller à ce que tu crois être mieux.
Tu fais tout ce que tu peux pour faire croire que c’est facile, que tu gères, que tu es hyper détendue mais en vrai, tu es une boule de nerfs flippée à l’idée d’avoir donné naissance à un être vivant dans un monde qui part un peu en vrille.
Tu jongles avec les horaires, les activités, les grands-parents que tu bénis d’être là pour te soutenir quand tu as la chance d’en avoir, tu essaies de montrer le bon exemple à Poussin pour qu’il grandisse bien et donc tu essaies d’être la meilleure personne possible, de lui montrer que dans la vie, quand on veut on peut et toutes ces histoires qui font que tu cours après le temps.
Poussin grandit et tu relativises. Tu te rends bien compte qu’il ne s’est pas étouffé en mangeant un chips. Qu’il a bien écouté tes conseils et ne court pas avec un bonbon dans la bouche, qu’il ne parle pas aux inconnus, qu’il est responsable et courageux. Bref, tu n’as pas foiré sur toute la ligne même s’il mange du chocolat devant une série de temps en temps. Poussin est en âge de comprendre que non, vous n’êtes pas une mère parfaite et il a l’air de plutôt bien digérer la nouvelle.
Et là, vient un moment où tu te dis que flute, tu arrêtes de te mettre la pression et de culpabiliser parce que Poussin va dormir plus tard que tu ne l’avais prévu six mois avant sa naissance. Tu ne lis plus les bons conseils des grands théoriciens que d’un oeil et tu fais toujours ce que tu peux, mais cette fois, tu l’acceptes.
Tu en viens même à pouvoir demander des coups de mains à Poussin qui, si tu en as fait un être un tout petit peu empathique, se rend bien compte que sortir des courses pour trois semaines, ça fait beaucoup pour une seule maman. Poussin d’ailleurs n’est plus non plus le Poussin idéal que tu avais prévu. Parce qu’il n’a pas à être plus parfait que toi après tout. Il est nul en math, ne sait pas faire de vélo ou a des cheveux qui ne tiennent pas en place. Mais c’est TON Poussin imparfait à toi, maman Imparfaite. Et vous vous aimez bien comme ça finalement.
Etre une maman, c’est forcément être Imparfaite. Parce que c’est un rôle si important, si impliquant, qu’on ne peut pas tout réussir. Et qu’à la fois, on ne peut que réussir parce que c’est le rôle le plus rempli d’amour qui soit.
Un jour, tu regarderas ton grand bébé faire sa vie et sa famille. Et tu pourras te poser, ne plus être que l’alliée bienveillante qui sera toujours à ses côtés. Comme tu l’as toujours été.
commentaires
Nath
2018-08-05 13:08:48Virginie
2018-02-25 12:30:53Claire
2017-10-09 19:11:41Justine
2017-10-01 23:52:35Séverine D
2017-10-01 09:15:47christine
2017-09-29 19:12:23