Tu fais quoi dans la vie Chrys?
Pendant des années, j’ai répondu « je suis prof de français ». Pendant 13 ans exactement. Ensuite, j’ai demandé une mutation et la vie a voulu que je vive un premier changement professionnel : je devenais « prof d’histoire ». Ca a l’air tout con comme ça. Mais ça a été le premier bouleversement professionnel de ma vie. A l’époque, c’était un graaaaaand choc. Ca me fait rire aujourd’hui mais bon sang, je n’étais pas du tout prête à vivre des changements.
Pourtant, entretemps, j’ai été caissière dans une station service sur l’autoroute, j’ai fait de la politique, j’ai été serveuse tous les weekends, barmaid, secrétaire d’association, présidente d’association, fleuriste (je vous jure, j’ai suivi deux ans de cours du soir!), prof de français langue étrangère et j’ai plutôt bien géré dans chacun de ces domaines.
Est-ce que je me lance des fleurs? Pas du tout les gars. Vous savez pourquoi je travaille bien? Parce que je crève de trouille. Je ne supporte pas décevoir, être incompétente, écouter des reproches. Bref, une saleté d’ego sur pattes. Résultat? Quand je dois servir une table, je m’entraîne à mort. Quand je devais faire les comptes de la station service, je les vérifiais douze fois. Fleuriste? J’ai étudié tous les noms latins des plantes. Encore une fois, la championne du monde de la pression.
Alors changez la donne de ma profession principale et imaginez l’angoisse : en plus, j’étais pas super douée en histoire pendant mes études. J’ai raisonnablement géré le changement, j’ai fait des syllabus de dingue dont personne n’avait rien à foutre et puis j’ai bien dû admettre une évidence : en vrai, je n’aimais plus du tout mon métier.
Sauf que j’ai grandi dans un monde où les métiers sont traditionnels : on est comptable, médecin, avocat, prof, secrétaire, mécanicien… En gros, les métiers qu’on connaît quand on est gosse. Je n’imaginais pas deux secondes l’immmeeeeeeeeeeeeense liste de professions existantes.
En 1994, quand je suis sortie des secondaires, le mot « marketing » n’avait probablement jamais été prononcé chez moi. Ceci dit, des tas d’autres mots nous étaient totalement inconnus. C’est cette ignorance qui a rendu une myriade d’options totalement inenvisageables dans mon parcours.
J’ai ensuite eu une chance folle. J’ai croisé les bonnes personnes. Des gens qui avaient grandi dans des mondes où on ne s’arrêtait pas à des mots. On n’avait pas peur des métiers inconnus et on se jetait dans le vide. Et ces gens qui, à mes yeux, étaient des fous, avaient réussi dans leur domaine. Les observer après avoir « survécu » au changement de cap français-histoire m’a permis d’imaginer un autre avenir.
C’est comme ça que je suis devenue coach en image. J’imagine d’ici si j’avais annoncé à ma mère à 18 ans « salut m’man, je veux devenir coach en image », je pense que j’aurais été envoyée dans ma chambre pour réfléchir au sens de la vie, sans doute aussi privée de budget d’études si c’était « pour faire des études de clown ».
Elle n’aurait probablement pas eu tort, sauf si j’avais été Cristina. Commencer le coaching en image début 2000, ça aurait été chaud patate. Mais, pour peu que j’aie entendu parler de marketing, je pense que j’aurais eu droit à la même réaction et pourtant, c’est un métier pas très nouveau finalement.
Aujourd’hui, je gère des dossiers de marketing avec une équipe carrément géniale pour des clients on ne peut plus sérieux et je suis loiiiiiin du tableau noir.
Toute cette démonstration pour aboutir au constat que l’orientation professionnelle tient à trois facteurs:
Tous ces leviers-là, vous pouvez les actionner à votre guise.
Augmenter sa chance, c’est finalement simple : il suffit de s’ouvrir au monde, de rencontrer des gens, de fréquenter des clubs, des associations, que sais-je.
Le savoir : rendez-vous dans des salons professionnels, allumez la télé et regardez autre chose que la téléréalité. Apprenez les autres choix. Ne les négligez pas.
Puis travaillez. Ce n’est pas une option. Vous voulez être fleuriste? Travaillez comme pour être le meilleur, apprenez, nourrissez-vous d’informations et d’idées. Gavez-vous de ce que tous les autres ont produit et créé. Pas pour conquérir le monde hein. Parce que, si vous aimez ce que vous faites, vous l’aimerez encore plus en le faisant bien.
Un des grands risques, une fois qu’on découvre tous les choix, c’est de vouloir tout faire. Etre fleuriste, chanteuse, danseuse, bosser dans la com, ouvrir un restaurant de bagels, se lancer dans la photo…
Le résultat est rarement bon. On devient un fleuriste moyen, un chanteur médiocre qui peut au moins chanter dans son restaurant de bagels avec ses trois clients hebdomadaires.
Bah oui, choisir c’est renoncer, ou au moins, postposer. Développer UN projet, devenir bon, savoir faire tourner ce projet seul pour se consacrer ensuite au suivant. OU choisir de faire des bouquets le weekend pour son plaisir personnel. Parce que mon trip fleuriste, soyons honnêtes, c’était un trip passager. J’aime beaucoup les fleurs mais je n’aurais jamais pu passer mes journées dans un magasin glacial…
C’est dommage de ne pas pouvoir TOUT faire, mais c’est encore tellement plus dommage de ne rien faire bien.
J’ai appris, au final, à oser. Aujourd’hui, je ne serais plus terrorisée à l’idée d’envoyer mon CV, d’aller négocier un salaire, d’apprendre un nouveau mode de vie.
Oser et croire en soi, c’est vraiment la base de toute réussite. Vous réussirez et vous vous épanouirez dans votre domaine pour peu que vous y croyiez vraiment fort.
Cherchez ce qui peut vous rendre heureux, ce qui combine vos points forts et vos goûts et lancez-vous.
Puis donnez-vous à fond et zappez vos angoisses.
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Aurélie
2018-04-22 17:28:29