Je suis en vacances.
Pour celles qui ne me suivent pas depuis des années, je viens dans un camping en France où je suis venue pour la première fois à 18 mois avec ma grand-mère. J’y suis revenue ensuite passer tous mes étés.
Je lui ai été infidèle ensuite pour vivre des aventures, puis quand Lola est arrivée, j’ai voulu qu’elle connaisse ce bonheur-là.
Beaucoup me demandent : « mais alors vous faites quoi s’il n’y a rien ? »
Parce qu’ici, point de toboggans, de piscines de folie. Y a pas vraiment le wifi non plus. Y a même pas de bar ou de restaurant dans le camping. On a juste un accueil et grande innovation : une sorte de stand de pizzas et paninis, révolution 2020.
Ici, les journées se ressemblent et se répètent.
On se lève quand le soleil commence à être trop chaud et on petit-déjeune en regardant la mer et les gens qui s’agitent sur la plage. Les motivés vont faire un tour « en ville », qui se limite en fait à une allée de magasins avec deux supérettes minuscules, une pharmacie et des boutiques très sudistes, à base de bois flotté, de fringues de marché et de jeux de plage.
On mange des olives et des trucs traditionnels du marché en début d’aprem, toujours en regardant la mer.
Puis on déménage les carcasses vers la plage. On lit, on joue, on lit, on va dans l’eau, on se crème, on lit, on discute, on dort, on va dans l’eau, on dort, on lit, on pense pas mal aussi, les yeux fermés en écoutant les sons de la plage.
On remonte, on se douche avec un gel douche qui sent bon, on s’habille à peine parce que tout le monde s’en fout. On fait une petite promenade, un petit restaurant et on finit la soirée à regarder la mer la nuit. Parce que oui, même la nuit, y a des trucs à voir : la lune de sang, la marée, les gens qui font la fête au loin, les étoiles filantes, et je t’en passe.
« Et c’est tout ce que vous faites ? » oui.
Ici, on ne passe pas ses journées devant Netflix. En Belgique, je crois que c’est important de ne pas louper ma série. Ici, ça me semble carrément bizarre.
Ici, ton téléphone (hormis pour le boulot) est posé loin : tu le protèges du sable et du soleil donc forcément, les ados s’en passent presque totalement.
Alors sans télé, sans téléphone, ils redeviennent… des enfants.
En fait, on vit au ralenti. J’ai pourtant travaillé, ici, mais c’est différent. Travailler avec la brise marine, à l’ombre d’un parasol, c’est VRAIMENT moins stressant. On dirait que le coeur ralentit et que, s’il a tendance à vouloir s’agiter, la mer est là pour dire « eh oh, je suis là depuis toujours, j’en ai vu d’autres donc tes conneries n’auront aucune importance dans cent ans alors on se calme »
Je pense que la répétition des journées, avec leur rythme lent, joue aussi. Pourtant, je me lève plus tôt qu’en Belgique, naturellement. Mais le vent m’a fatiguée, de cette fatigue saine qu’on ne ressent qu’en vivant dehors. Je m’endors tôt, bercée par les bruits de dehors. Un rythme qui doit être finalement le mien puisque je m’y cale toujours quand je suis ici.
Enfin c’est ce que je ressens. J’ai fait des vacances all-in dans de beaux grands hôtels. Alors je ne dis pas, hein, c’est marrant. Mais me lever pour ne pas louper l’heure du petit-dej, me saper/coiffer/maquiller pour aller manger, me taper l’heure de l’aquagym et les 63 activités, c’est pas pour moi.
J’ai largement assez de programme pendant l’année : pour déconnecter, je ne veux pas avoir l’heure.
D’ailleurs, pendant l’année, j’essaie souvent d’être « tirée à 4 épingles », un peu bien habillée et tout et tout. Alors que mon penchant naturel va vraiment vers ces tenues du sud, les pantalons larges et colorés, les robes pleines de fleurs, ces trucs confortables et féminins qu’on voit par ici.
Tu vois rarement quelqu’un en talons hauts dans le coin, même les gens qui vivent ici. Et pourtant, quand je rentrerai chez moi, j’aimerai de nouveau mes talons parce que j’oublierai.
La Nature est comme je l’aime ici : sauvage et douce à la fois. Incroyablement belle. Tous les jours différente.
Le pire c’est que la Nature de chez moi est sans doute belle aussi, mais je n’ai jamais aimé les arbres ou les forêts moi. Le vert ne m’apaise pas. Depuis toute petite, j’aime ce mélange de beige/gris du sable et du bleu de l’eau, j’aime les cactus, les palmiers et les bougainvilliers. J’aime même la couleur des cailloux ici. Ils ne sont pas gris, ils sont beiges. Pas ce beige que tu achètes dans un magasin de cailloux, non, un beige naturel.
Ici, je peux passer une heure assise devant l’eau, juste à regarder la couleur du ciel changer puis se mêler à celle de l’eau.
La vue change de minute en minute.
Chaque fois que je suis ici, j’en viens à la même question : et si toutes ces choses si importantes pour moi au quotidien, n’avaient pas autant de valeur ? Et si au fond, je m’en foutais ?
Si je m’en foutais d’être maquillée et coiffée ? D’être bien sapée ? Si tout ce que je voulais finalement, c’était de vivre ainsi, à moitié en ermite, à acheter des livres à 1€ sur le marché, en bouffant mes olives en regardant la mer ?
J’ai évidemment très envie de voir mes amis et mes chats, mais à chaque fois je me dis : ils seraient très contents de venir me voir ici.
Pourquoi je m’emmerde autant avec tant de détails le reste de l’année.
Ca fait ça à tout le monde, non, les vacances ?
Je veux vivre ici.
Au total de ma vie, j’ai compté, j’ai vécu 5 ans et demi ici. C’est énorme quand on y songe. Alors deux semaines au compte-gouttes, c’est m’arracher le coeur.
Je me demande même si ce n’était pas pour venir ici deux mois que je suis devenue prof au final ^^
Donc je veux finir par vivre ici.
La solitude de l’hiver ici ne me fait pas peur : je suis de ces gens qui se contentent pas mal du virtuel. Puis quand même, je connais des gens à force. 6 degrés en janvier, c’est plus que jamais en Belgique ! Et de toute façon ici, tu passes 7 mois au-delà de 20°.
Donc tous les efforts de ma vie tendront vers là, je crois : créer la vie qui me permette d’acheter une petite maison qui regardera la mer avec moi.
Je me dis, avec tout mon sérieux et ma part de négativité, que je rêve éveillée. Que ce que j’aime, ce sont les vacances (et après je me dis que j’y ai toujours pris du travail). Puis je me dis que non, que je veux vivre ici. Puis je demande à Lola qui est partante alors que me dis que oui, je veux vire ici.
Puis je me dis que non. Et puis que oui. Puis je regarde des maisons. Puis je me dis que non. Que ce serait juste bien une « maison où je vivrais 6 mois par an ». Puis je me dis qu’alors il faut que je sois riche ^^
Et je me dis que la première chose que je vais devoir changer, c’est mon caractère changeant.
Ce sera donc la conclusion de cet article.
commentaires
Lison
2020-08-06 11:36:06Audrey
2020-08-06 11:27:31Dominique (shoegirl66)
2020-08-06 10:40:25