Partout dans les groupes de la blogosphère, le débat surgit : les blogueuses doivent-elles se taire en ces temps affreux et bouleversants?
Les filles s’engueulent, se prennent le chou, s’insultent parfois. Je vais donc me permettre de vous donner mon avis, parce que comme vous le savez, fermer ma gueule, c’est quand même moyennement mon truc. Ceci dit, un avis en vaut un autre. C’est bien ça le principe.
On a la petite bande de blogueuses qui postent des articles larmoyants où on sent que la nana n’a absolument aucune idée de qui sont les dessinateurs décédés, n’a aucune opinion sur la liberté d’expression, s’en fout éperdument qu’il y ait d’autres victimes et pense que dire Je suis Charlie fait d’elle un Cabu en herbe. A celles-là, j’ai un peu envie de dire Ta gueule. Abstiens-toi de poster ton lien un peu partout : tu pues le réchauffé, le Benjamin Castaldi de la tragédie. Et soigne-moi cette orthographe, s’il te plait. Quand tu parles de mode, déjà, ça me gêne, mais on va pas en plus flinguer la langue française cette semaine. (ouais, je sais, je suis pas gentille).
Pire, on a la blogueuse qui en profite pour poster son Look Du Jour spécial « Je suis Charlie ». Et là, j’ai juste envie de vomir. Je ferme les yeux très très fort en notant le nom de la nana sur ma liste noire en me rappelant bien bien de ne JAMAIS lire un article à l’avenir. J’en ai également dégagé quelques-unes de mon instagram. Faut pas déconner.
Mais je ne dis rien. Parce que la liberté d’expression, tout ça. Sauf ici. Je vais pas aller agresser des inconnues. Je ne les connais pas. Si ça se trouve, elles sont assistantes sociales ou sauvent des petits chats. Puis apparemment, ces posts émanent de nanas qui ne comprendront pas un traître mot de ce que je raconte.
Cela dit, je vais quand même me rassurer en regardant ça avec un second degré détaché dans un tumblr qu’un inconnu a créé, dans lequel il tourne en ridicule les gens qui hastaguent du #jesuisCharlie des photos de leur petite gueule bien retravaillée. Ce tumblr suffit amplement comme punition divine, finalement…
Un de mes préférés :
Ou encore :
Merci, donc, à ce Tumblr rigolo. Puis comme le but de ces gens était sans aucun doute de dégoter de nouveaux followers, je suis certaine que cette petite pub gratuite leur fera un grand plaisir. (Parce que le tumblr ne masque évidemment pas le nom du compte…).
En même temps, les blogueuses qui postent tous les jours ne peuvent tout simplement pas ne rien dire. Qu’elles soient redondantes, qu’elles rabâchent la même chose ou presque que toutes les collègues, peu importe. Notre moyen d’expression est l’écrit. Il est normal que, si on reporte notre article spécial nailart, on explique pourquoi à nos lectrices, qui auraient peut-être été bien contentes de se délasser. Il est normal aussi que notre mode d’expression nous serve d’exutoire. Que ce soit celles qui ont parlé de la façon d’aborder le sujet avec les enfants, de leurs peurs, de leur peine, toutes méritaient la lecture. C’était un partage. Et c’était doux.
Non, rien n’a changé : on est toujours inquiets pour nos amis parisiens (sincèrement, Ju’, Katy et tous les autres, prenez soin de vous, merci), pour la démocratie, pour les musulmans qui risquent de subir des attaques bien connes, on est toujours tristes aussi.
Et alors? Nos sujets sont bien dérisoires, c’est certain. C’est aussi un peu difficile de leur trouver un sens dans une pareille épreuve. Mais un sens, ils en ont quand même un. Un tout petit, certes. Mais un sens quand même : nous faisons rire, sourire, nous détendons.
Porter un deuil permanent relève presque de l’hypocrisie. Se taire relève carrément du non-sens : des personnes qui prônaient la liberté d’expression ont été assassinées. Faut-il leur rendre hommage en nous muselant, si futiles soient nos sujets???
Quant à celles qui accusent les blogueuses qui ont repris leur ligne éditoriale « normale » de vouloir des stats, pardon, mais on va très bien à ce niveau, merci. On n’est pas toutes des malades du chiffre, pour info.
Alors ok, on écrit dans une autre ambiance. On n’est pas vraiment dans un état d’allégresse. Mais cesser d’écrire, alors ça non.
commentaires
Marion
2015-01-17 21:53:58LesmotsdeJulia
2015-01-12 16:10:51Ann Soo
2015-01-12 10:28:49Céline Online
2015-01-11 19:01:24Adèle T.
2015-01-11 11:28:58Sarah - Les Jolis Mondes
2015-01-11 10:47:35monika
2015-01-11 09:44:19The Flonicles
2015-01-11 09:10:31eric
2015-01-11 08:32:25