3 octobre SSLP (Salutaire Solution du Lâcher Prise) / Coups de gueule (pas toujours justifiés)

Angot-Rousseau : pourquoi il faut entendre les deux…

Gros scandale partout suite au conflit Angot-Rousseau dans l’émission de Ruquier. La vilaine Angot a fait pleurer la douce Rousseau. Angot est méchante, Angot est aigrie, Angot rabaisse toutes les femmes.

Oui mais rappelez-vous Angot.

Je me rappelle mon premier « contact » avec Christine Angot. J’avais 23 ans. Je regardais avec passion les émissions mordantes de Thierry Ardisson et j’ai vu des gens rire d’un auteur racontant son inceste. Une jeune femme dont on lit l’enfance traumatique avec des rires gênés. Elle rit aussi parce qu’elle est jeune et ignore tout des médias. On ne la comprend pas, on s’amuse, on est mal à l’aise, on évite. Mais une chose en ressortait : l’abomination. Une femme vomit sa vie, écrit, n’est pas faite pour les plateaux et on lit ses phrases avec accusation « J’ai séduit mon père ». Et là où elle répond « Peut-être que vivre l’inceste est une bonne méthode de marketing », on fait semblant d’ignorer son ironie.

A plusieurs reprises, cette femme a été clouée au pilori sur le plateau d’Ardisson, jusqu’à en quitter le plateau. « Je vais dire ça pour pas qu’ils le disent. Mais ils le disent. »

C’était à vomir.

« Tiens je vais vous lire un passage du livre, je fais du Marketing. Y a une description d’un cunnilingus formidable »
« Son père l’a forcée à manger des Clémentine sur son sexe ». Et les gens rient. Elle demande pourquoi ça fait rire. Et on la trouve coincée.

Une connasse ose lui demander, son grand sourire pepsodent « on ne vous a pas vue rire sur le plateau. Qu’est-ce qui vous fait rire? »

Donc Christine, en matière de morflage public, elle en connaît un rayon. Faites ça aujourd’hui et vous serez LOIN d’être un héros de la télévision…

Et c’est qui Rousseau?

Sandrine Rousseau est une politicienne qui poursuit un politicien pour harcèlement sexuel et qui en fait un livre militant. Un livre avec un propos politique.

Un livre où les violences faites aux femmes débutent aux SMS salaces. Un livre où l’on veut DIRE que ces violences-là ne sont pas mineures et doivent être reconnues.

Un combat de douleurs.

Que Christine Angot refuse les propos polissés et politique de Rousseau, c’est parfaitement concevable. Si l’on devait mesurer les douleurs, comment ne pas saisir la sienne? Comment ne pas saisir son propos dès que l’on cesse d’écouter les larmes de l’autre? Quand on l’entend dire qu’elle se refuse d’être un étendard pour les violences sexuelles, qu’elle refuse d’être résumée à cela, comment ne pas comprendre que ce sont des émotions qui s’affrontent???

D’accord…

Regarder pour de vrai.

Je pense que se contenter des gros titres pour juger Angot est une erreur grave. Voici donc son intervention et ensuite, si vous le souhaitez, nous débattrons.

Le combat de l’une vaut la douleur de l’autre, je n’en disconviendrai jamais. Mais le propos d’Angot en tant que victime mérite autant l’écoute que les paroles de Sandrine Rousseau. Sa réflexion vaut tout autant. Son refus de politiser, de systématiser de telles souffrances est tout aussi légitime que la lutte de Sandrine Rousseau.

Il ne faudrait pas que l’une mérite les insultes tout simplement parce qu’elle ne pleure plus.

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commentaires

Gwen

2017-10-04 08:07:32
Quand on est victimes, on se sert les coudes. On peut ne pas apprécier la façon dont Sandrine Rousseau en parle mais c'est sa méthode à elle de s'exprimer, son exutoire à elle. On peut ne pas être d'accord avec le moyen employé mais on ne hurle pas sur quelqu'un comme ça. Ça aussi c'est de la violence... verbale.

Senem

2017-10-04 07:18:41
Je suis d'accord avec ton propos, mais Angot a utilisé l’agressivité pour s'exprimer. Je ne dis pas qu'il faut pleurer avec les victimes d'agressions sexuelles, mais de là à lui hurler dessus sans empathie parce que ayant vécu elle-même une agression sexuelle elle s'en sent peut-être la légitimité, je trouve ça choquant. C'est évidemment discutable et j'aurais voulu qu'elle étaye sa réaction en des propos intelligibles. Voilà mon avis. Ps: J'ai regardé la vidéo de son passage chez Ardisson hier, et je trouve ça abominable.

Bérangère

2017-10-03 19:27:39
Bonsoir, Je suis d'accord avec votre réflexion. Cette vidéo que j'ai souhaité regarder parce qu'elle créait une polémique sur un sujet sur lequel je suis sensible étant une femme m'a choquée. Effectivement, ce sont deux vécus douloureux (et surtout différents) qui n'ont pas su s'entendre dans tous les sens du terme. Et bien sûr que la douleur de l'une ne prévaut pas sur celle de l'autre. Ceci-dit, ce débat a eu lieu à la télévision, sur une chaine publique et même s'il s'agissait d'un programme de seconde partie de soirée, je ne conçois pas que de tels propos puissent être échangés. J'ai trouvé cette séquence beaucoup plus violente que celle de Ch. Angot que vous publiez sur votre site à juste titre et ce, malgré la dureté des paroles prononcées. Pourquoi ? Parce qu'il m'est inconcevable d'entendre dire, même par quelqu'un qui en aurait le "droit" vis-à-vis de son expérience personnelle, que personne ne sait écouter, qu'il faut se taire et garder son agression pour soi ?... En 2017 ? Quand on voit tout le chemin que les femmes doivent encore parcourir ? Combien de femmes battues et rabaissées chaque jour ? Combien de viols, de chantage, d'agressions, d'insultes, de meurtres chaque jour ? Nous n'avons pas le droit de minimiser cela d'autant plus lorsque l'on est soi-même une femme. Ch. Angot participe à cette émission pour faire avancer un débat, poser des questions, donner son avis en tant qu'intellectuelle, pas pour détruire le 1er invité sensible qui passe parce que le sujet évoqué lui est trop douloureux ! Pourtant son point de vue ou ses questions auraient pu être très intéressants voire légitimes... Dommage qu'elle ait tout mélanger. Elle aurait eu le droit également je pense de ne pas entrer dans le débat. ça aurait pu être un choix que visiblement, elle n'a pas souhaité faire. Et ce qui est choquant aussi, c'est de voir l'immobilisme de la salle, des autres invités et surtout de L. Ruqier ! Pourquoi ne pas avoir mis un terme à cet échange stérile qui n'a fait qu'apporter du buzz à une émission que j'appréciais jusque-là, les rares fois où j'ai bien voulu la regarder, mais qui a malheureusement attirer la lumière sur cet état de fait plutôt que sur le fonds du sujet. Et on sait que ce genre d'énoncé ne passe pas souvent à la télévision. En résumé, vous avez raison d'opposer les deux visions de ces deux femmes meurtries mais n'oublions pas que la télévision est toujours regardée par des millions de gens et que c'est malheureusement encore un moyen de véhiculer des idées, de dénoncer. Ne laissons pas passer ce genre de choses ignobles. Faisons avancer les débats. Mettons un éclairage sur les sujets sombres pas sur les sombres personnages...

Kim

2017-10-03 19:25:48
Woutchaaaaa! J'ai vu les réactions sur Twitter et FB mais je n'ai plus de TV donc je n'avais pas suivi le reste. Cela dit, Angot, même après avoir vu l'archive, me semble très "totalitaire". Ce qu'elle ne comprend pas (selon ma petite personne), c'est que l'on peut exprimer des douleurs avec différents registres de langage. Elle s'est exprimée à sa façon et n'accepte pas la façon de s'exprimer de Rousseau. Au final, il y a le même but: dénoncer des violences sexuelles. Alors oui, peut-être, l'une aura un "discours", teinté de politique ou pas. J'en sais rien, j'ai pas lu le livre. Mais c'est aussi tout le contexte non? Et c'est ce qu'elle est. Si ça parle à des femmes coincées dans ce même contexte qui n'arriveraient peut-être pas à se reconnaître dans le registre d'Angot (tout simplement parce qu'on ne vient pas tous des mêmes sphères de vie), je ne vois pas en quoi ça poserait problème. En termes de tolérance, on a fait mieux qu'Angot il me semble... Et ça n'est pas non plus parce qu'une a vécu une agression qu'elle est détentrice d'une vérité unique sur la façon de faire les choses. Et pour dire les choses plus simplement, si j'étais une femme politique victime de harcèlement, la réaction d'Angot me pousserait sans doute plus vers "ferme ta gueule ou tu vas te faire bouffer comme Rousseau"... En gros, pas très constructif alors qu'au final, elles défendent le même but: dénoncer les violences sexuelles. Ou quand l'intellect se tire une balle dans le pied pour moi... Je ne connaissais pas Angot et je suis désolée de la situation qu'elle a vécue sur le plateau d'Ardisson mais elle n'a pas fait preuve de moins d'agression face à Rousseau. Ce qu'il manque surtout sur les deux plateaux, c'est en fait énormément d'empathie, trouve-je, encore, de ma petite personne dans son divan qui n'a pas trop envie de côtoyer ces gens-là :-)