24 février Fourre-tout

Au secours, mon ado ne lit pas !

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Je vous ai déjà donné plein de conseils pour guider votre enfant vers la lecture dans un article précédent.

Mais admettons que vous même soyez un(e) féru(e) de lecture et que votre progéniture, pourtant élevée à grands coups de lecture de Oui-Oui Va A l’Ecole et de Tchoupi fait sur le Pot, soit étrangement devenue un truc collé à son smartphone ou à son ordinateur.

Eh bien croyez-le ou non, non ce n’est pas MORT. L’entrée n’est pas là où vous pensez.

Evaluez son niveau

Une fois prof, j’ai vu se dégrader les aptitudes des enfants à lire de façon impressionnante. Etant très connectés au monde des images, ils ne lisent plus et bon nombre, arrivés à l’adolescence, savent à peine déchiffrer. Dès qu’on leur propose une police un peu particulière, du type BD par exemple, ils ânonnent. Beaucoup vivent cela avec gêne parce que « c’est normal de lire » sauf que le monde ne les entraîne plus à cela. Alors ils font les imbéciles, ils plaisantent, ils tournent autour du pot mais la vérité, c’est qu’ils ne savent plus lire.

Il est possible, peut-être, que votre enfant lise peu tout simplement parce que lire lui demande un trop gros effort. Dans ce cas, s’il aime se plonger dans des histoires écrites, il ira souvent volontiers vers des mangas ou des BD. Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’apprécierait pas un bon bouquin, s’il s’en sentait le courage.

Dans ce cas, la première chose à faire est de cesser de penser qu’il sait lire malgré son âge. L’école n’a pas suffi, les écrans ont été trop présents et d’autres difficultés sont à venir car à terme, cet état devient rapidement un handicap. Il faut alors, si vous souhaitez l’aider, identifier avec lui ce problème et soit lui réapprendre à lire soit lui apprendre.

A quel âge un enfant doit-il être apte à lire ? En principe un enfant doit lire correctement en fin de première année primaire mais le processus peut prendre jusque 3 ans. Au-delà, il y a un problème d’apprentissage à détecter.

A l’entrée en secondaire, un enfant devrait être apte à lire un texte de base, oralement sans trébucher, du moins dans un environnement où il est à l’aise.

Pourquoi je reviens sur le sujet ? Parce qu’un Belge sur 10 souffre d’illettrisme (ils ont appris à lire mais n’y parviennent pas ou plus). C’est tabou, c’est caché, mais n’importe quel ado peut être concerné : j’en ai connu tellement !

Si c’était le cas, des associations telles que Lire et Ecrire peuvent vous aider.

Sans être à 100% illettré naturellement, peut-être que la difficulté à déchiffrer est une des raisons pour laquelle votre ado ne lit plus. Donc avant de passer à la suite, checker cette base avant tout.

Comprendre son monde

Ensuite, si votre enfant n’est pas concerné par le problème évoqué précédemment, passons à la suite.

De mon point de vue, la littérature est tellement nécessaire au développement intellectuel qu’on devrait mettre tout en oeuvre pour que tout le monde lise.

Lire vous permet de mieux vous exprimer, donc de mieux vous faire comprendre, lire vous permet de mieux comprendre les autres, lire vous permet ensuite de développer une réflexion plus fine sur les relations, les sentiments ou même les goûts. Lire développe une intelligence que les non-lecteurs n’entreverront au fond jamais. Or ça, ça ne se développe pas facilement à l’âge adulte.

Lorsque j’étais prof, j’étais toujours effarée qu’on fasse lire le même bouquin à 100 élèves, leur fermant ainsi la possibilité de découvrir ce qui pourrait leur parler dans ce domaine. Si je filais à tous le roman jeunesse de l’année, les bons lecteurs faisaient contre mauvaise fortune bon coeur, chez les autres, ça pouvait être trop difficile ou pas assez ou tellement éloigné de leur univers que jamais ils n’y entraient. Bref, personne n’en bénéficiait totalement.

En réalité, peu importe que votre enfant lise un truc intelligent pour peu qu’il lise et c’est ça qu’il faut garder à l’esprit. C’est la mécanique verbale et intellectuelle qui compte, pas tant le contenu.

Il est donc temps d’identifier le monde qui lui parle.

Pour cela vous allez devoir (eh oui, je sais c’est dur) vous intéresser à ce qu’il aime : et la réponse « les jeux vidéos » ne suffit pas. Les jeux vidéos oui, mais lesquels ? Le sport oui, mais lequel ? La musique, oui, mais laquelle ?

C’est en fonction de ses goûts qu’il faudra trouver avec lui ce qui peut lui parler. Un ado qui préfère World of Warcraft à GTA n’aimera pas la même chose que celui qui préfère Fortnite à Minecraft. Enfin, vous voyez ce que je veux dire.

Si son univers est fantastique, le diriger vers du fantastique sera sans doute plus approprié. Si son univers est agressif et rebelle façon GTA, il préfèrera sans doute les mondes peuplés de criminels et les sombres histoires de gangsters. Bref, vous avez compris l’idée.

Lola, son truc, ce sont les dystopies. Elle ne lit que ça… pour le moment. Puis elle changera. Parce que l’important, c’est de trouver SON truc du moment. Comme nous, au fond.

Une histoire de niveaux

Ensuite, il y a des niveaux dans la lecture. Pas la peine de guider votre gamin vers un truc hyper compliqué juste parce que vous avez un super niveau vous-même.

Et durant certaines phases de la vie, on n’a pas envie de lire du compliqué. Alors si votre ado ne lit pas, tentez tout : les mangas, les BD, ce ne sont pas des arts mineurs, arrêtez de penser de la sorte peut-être tout simplement parce que VOUS n’avez pas accroché (de mon côté, j’adore certains mangas mais ça coute vraiment trop cher pour le temps de lecture).

Donc quand on ne lit pas, un bouquin de 300 pages, ça fait peur. Tentez donc :

  • les recueils de nouvelles
  • les bd
  • les mangas
  • les livres « catalogue »

Par livre catalogue, j’entends, les livres qui parlent d’un sujet qu’ils aiment mais qu’on peut prendre d’un bout ou d’un autre. Je prends comme exemple le livre sur les Animaux Fantastiques issus de la série des Harry Potter : on lit un animal et on peut s’arrêter.

Se mettre (ou se remettre) à lire, ça se fait pas étape et par niveau.

Les livres préférés des ados

J’ai donc été prof pendant 18 ans et j’en ai fait lire des bouquins puisque j’essayais de guider chaque ado vers LE livre qui lui correspondait.

Je peux vous dire que ceux-ci avaient un succès assez fédérateur :

Si vous souhaitez que je creuse un peu plus, je peux repartir faire des fouilles dans mes notes car il ne s’agit ici que des titres qui me viennent en tête.

Je vais quand même ajouter les romans qui ont recueilli les faveurs de Lola ces dernières semaines, à savoir Ils meurent tous les deux à la fin, d’Adam Silvera.

Et pour ceux qui sont vraiment dans la difficulté, je vous propose d’aller visiter le blog Les Chemins de la Lecture qui propose des livres « faciles à lire » (niveau polices, thèmes, vocabulaire etc).

Voilà, j’espère que ces quelques conseils pourront vous aider et n’oubliez pas : à leur rythme et en douceur. Je suis une grande lectrice et j’ai eu une passe à 15 ans où je ne lisais que des romans Harlequin et des Tintin. Donc pas de panique.

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commentaires

Moiny

2021-02-24 12:00:26
Bonjour, j'ai bien écouté votre chronique de ce matin sur la première. Si maintenant je suis un lecteur "assidu", j'ai toujours un livre en cours et la file d'attente est longue, si l'on tient compte fait qu'un livre n'existe que parce qu'il est lu, j'ai cependant mis du temps à m'y mettre. Jusqu'à la 3ème secondaire +/- je lisais parce que le professeur de français avait donné du travail. Je me souviens ainsi d'une liste de livres, environ une 60aine de titre dans lequel nous devions en choisir trois. Je me souviens avoir choisi "le Capitaine Fracasse" de Théophile Gautier, "le vieil homme et la mer" d'Ernest d'Hemingway et "l'huile sur le feu" d'Hervé Bazin. J'avais choisi les deux premiers, parce qu'ils étaient dans les livres de mes parents. Je voudrais signaler que dans cette liste il n'y en avait aucun de science fiction, de fantastique, ce qui rejoint ce que vous disiez qu'on fait lire les livres que l'on a apprécié soi-même. Mais l'élément déclencheur est arrivé quand un cousin de ma mère avait apporté une revue relié en plusieurs volume sur la seconde guerre mondiale. C'était pour mon père qui était professeur d'histoire. Dans la caisse en question il y avait aussi, hasard?, un livre de poche, édition J'ai Lu, collection "leur aventure", reconnaissable à la couverture bleue. C'était "Feux du Ciel" de Pierre Clostermann, pilote de la Force Aèrienne de la France Libre. Ce livre a été le déclencheur. Après ma mère m'avait acheté le livre de Ryan sur le débarquement et un autre sur la bataille des Ardennes. Et quelques années plus tard, après le secondaire, j'ai commencé à acheter mes premiers livres. Et l'un de mes vices: fouiller, chiner chez un bouquiniste ce qui m'a permis de me constituer une petite bibliothèque personnelle. J'avoue avoir envie que mon fils de 6 ans et demi me suive dans cette voie. Même si j'ai quelque livres pour enfants, Roald Dahl entre autres, je n'ai pas le réflexe de prendre un livre avec lui. Même s'il peut montrer des signes d'intérêts quand il s'agit de livres sur la mer, des pirates, des dinosaures ou sur des bateaux de la seconde guerre. Ne dit-on pas que les cordonniers sont les plus mal chaussés?