Ça ne fait que 8 ans…

Aujourd’hui, Facebook m’a rappelé que j’ai arrêté ma carrière d’enseignante il y a pile 8 ans.

8 ans.

En 8 ans, j’ai :

• participé à un projet dans la mode
• suivi une formation d’un an de coach en image
• développé les communautés d’Imparfaites (que je délaisse trop aujourd’hui)
• fait 6 ans de chroniques radio
• écrit un livre
• rejoint une entreprise comme copywriteuse
• repris le volet commercial de cette entreprise
• repris la gestion de l’équipe de cette entreprise
• repris l’administration de cette entreprise
• découvert que j’ai la polyarthrite
• reçu deux hanches artificielles
• lancé un podcast
• refait l’intérieur de la moitié de ma maison
• acheté une caravane hyper chère (oui, on n’est pas tous fans de Dubai, pardon)
• presque créé une école en ligne (c’est en cours)

Il y a encore deux trois trucs personnels que j’ai eu à traverser et que je n’aborderai pas ici. Des trucs qui, pour pas mal de gens, seraient des épreuves insurmontables. Mais je suis passée outre.

Et pourtant, tous les jours, TOUS LES JOURS, je doute de moi.

Le syndrome de l’imposteur, cette merde

Je viens d’une famille où on suit des rails. On fait des études puis pendant 40 ans on fait le métier qui allait avec.

Je crois que, du coup, dans ma tête, si tu n’as pas fait les ETUDES qui vont avec ton métier, forcément, t’es pas capable.

Alors que mon mentor, qui a monté je ne sais pas combien d’entreprises qui marchent et géré des centaines de gens, à la base, il était mécano. Il a zéro a priori sur ses aptitudes. Il ose tout et du coup, ça marche.

Je viens d’une famille où le modèle normé de la société couple-enfant-métier stable = réussite.

Et moi, bah, le couple traditionnel, j’ai du mal à le vivre sereinement. Faire le même métier pendant 40 ans, je n’aurais pas pu. Il n’y a, au fond, que l’enfant que j’ai « réussi » dans le sens où elle a l’air plutôt bien dans ses baskets mais je ne rentre, du point de vue de la maternité, même pas dans les cases habituelles puisque j’ai élevé Lola totalement différemment de ce qui m’avait été inculqué à moi.

Moi, je vis avec cette petite voix dans ma tête qui doute en permanence.

J’ai fait tout ça en 8 petites années et moi, au moindre souffle, je tangue. Lola et moi avons un confort de vie que JAMAIS je n’aurais atteint en étant prof et je doute encore.

Une voix que je veux mettre en mute

C’est une drôle d’année. Pendant des mois, j’ai eu besoin de m’éloigner de mes réseaux, de m’éloigner un peu des gens aussi. Tout bêtement parce que l’année 2023 a été moins bonne que les années précédentes dans mon secteur et que ça a suffi à faire tanguer le peu de confiance que j’ai en moi.

Or, je travaille avec l’immobilier et il ne faut pas être un génie pour concevoir qu’on a tous traversé un problème conjoncturel dans ce secteur. Mais forcément, dans ma tête, c’était ma faute.

Pourtant, à bien y réfléchir, je suis assez peu responsable des difficultés traversées par le secteur et, au fond, c’est bien présomptueux de ma part de le croire…

L’année avance et le recul que j’ai pris longtemps m’a fait du bien. Je me suis remise en action et les résultats arrivent. Je fais des choses que je n’aime pas, parce qu’il le faut et que nous devons avancer. J’ai encore du mal avec certains aspects mais je me contrains parce que, n’en déplaise à la Gen Z, la sécurité et la liberté ont un prix et j’ai besoin énormément des deux.

J’ai, petit à petit, mis de côté cette petite voix. Le plus souvent possible. Je ne veux plus l’entendre.

Et ce rappel aujourd’hui :

Je n’ai quitté l’enseignement qu’il y a 8 ans. Et j’ai déjà fait tout ça.

J’ai d’ailleurs commencé comme Copy chez Flex le 4 septembre 2017. J’ai appris tout ce que je fais aujourd’hui en moins de 7 petites années.

Alors la petite voix, elle n’a qu’à bien se tenir…

Changer de vie c’est éreintant

Beaucoup de gens m’ont souvent écrit pour me demander des conseils. Des gens qui veulent changer de métier, qui veulent quitter l’enseignement, qui veulent évoluer.

Changer de vie, c’est changer de mentalité. C’est forcer son cerveau à supporter le danger d’une situation inconnue.

Et ça, vous savez, c’est difficile. Ça fait plusieurs mois que j’ai du mal, que je suis fatiguée et que je me demande pourquoi.

Eh bien j’ai fini par comprendre en listant ce que j’ai fait toutes ces années.

Changer de vie, c’est fatigant. Ça demande de prendre soin de soi en même temps. Ça demande de garder la confiance. Ça demande de recommencer tous les jours et d’avancer quand même, même quand la petite voix crie fort.

Puis être une femme dans tout ça…

Ah oui, cette donnée-là encore. Dans le monde dans lequel j’évolue désormais, il y a plein d’hommes. Certains qui n’ont pas forcément la même confiance dans une femme que dans « Un mâle ». Il faut aussi avancer malgré ça.

Et, de nouveau, cumuler tous les rôles à la maison. Être là, malgré tout, pour ma fille, qui a traversé tout ça à mes cotés depuis ses 10 ans, avec toute son adaptabilité et sa confiance.

Accepter de ne pas avoir le temps de tout faire ou de ne pas toujours le faire bien. (Non, ma pelouse n’est pas souvent tondue, mea culpa).

Supporter, dans la tête, de ne pas céder à toutes les injonctions de la société : ne pas (trop) douter d’être une bonne mère, ne pas chercher à être belle à tout prix, ne pas forcer pour tout gérer parfaitement (non, je ne fais pas souvent les vitres de la maison, non plus).

C’était beaucoup, il fallait digérer

C’était peut-être trop pour un moment. J’ai eu, je pense, besoin de digérer.

Je me suis sentie complètement vidée depuis janvier.

Ça fait des mois que je me dis que « je n’ai plus rien à vous dire ». Que je n’ai même plus envie de parler, même à mes amis. Je suis comme ça. Je ne m’épanche pas quand ça va mal. J’ai besoin de fermer les écoutilles, de digérer, puis seulement d’en parler.

Et là, c’est l’autre petite voix qui renaît, celle qui vous a tant parlé avant. Celle qui a la foi. Je pense que ça y est, j’ai digéré tous ces bouleversements. En grande partie au moins.

Je retrouve le goût de voir du monde. Je retrouve le goût de vous parler. Sans doute plus de produits de beauté ou de routine skincare, j’ai fait le tour et j’en ai marre. J’ai envie de parler de la vie. J’ai envie de filmer de jolies images.

J’ai envie de vous faire rire de nouveau, de vous motiver aussi.

Je crois que j’ai, de nouveau, des choses à raconter, des expériences à partager.

Alors voilà, je crois que, à mon rythme et en douceur, me revoilà…

Photo de Sixteen Miles Out sur Unsplash