C’est une copine qui m’a lancé le sujet et je me suis d’abord dit que je n’avais pas d’ado à la maison. Puis j’ai réalisé : idioteke, tu bosses toute l’année avec la matière de l’article!
Finalement, en ado, j’en connais un rayon. Je les vois comme vous ne les verrez jamais. J’ai un doctorat es adolescence. Je suis prof, c’est comme ça. Quand t’es parent, tu crains l’arrivée de l’adolescence comme l’arrivée de la grippe espagnole. Quand t’es prof, tu CHOISIS de bosser avec la grippe espagnole. Toute. Ta. Vie.
Quand mes élèves arrivent en première en septembre, ce sont des enfants. Deux mois plus tard, c’est fini : l’adolescence est là.
Ça se remarque à de petits trucs infimes. Les filles rient plus fort quand les garçons approchent. Les garçons sont tout contents de placer « weed » ou « beuh » à toutes les sauces.
Les filles commencent à se maquiller à la truelle (je plaide coupable, j’ai porté du mascara bleu pétard avec du rose bonbon moche bubblegum à lèvres). Les garçons commencent à faire descendre leurs jeans plus bas que leur fessier parce que tu vois, c’est trop des hommes.
Puis vient le moment de la contestation permanente de l’autorité. Alors quand t’es prof, ou parent, c’est comme ça : tu ES l’autorité. Tu ES le flic de leur vie. S’ils pourraient s’entendre avec toi dans d’autres circonstances, c’est plus fort qu’eux, là, ils ont juste envie de te mettre à mort. C’est le jeu, ma bonne Simone.
La seule solution? Ne pas perdre son flegme.
Mais bon, la personne qui m’a suggéré cet article n’est pas prof : elle peut voir le bout du tunnel un jour. Donc parlons en tant que parent.
CE N’EST PAS GRAVE.
Ok, tu as perdu ton baby, il n’est plus mignon-chou, il ne te fait plus de bisous doux qu’en cas d’ultime urgence (il s’est fait mordre par un zombie), et quoiqu’il ait à te dire, il te le dit en te bouffant la main. C’est plus fort que lui, ses hormones lui ont bouffé la cervelle ponctuellement : il lève les yeux au ciel à chaque phrase que tu prononces (même que veux-tu manger?), il trouve toutes tes vannes vieilles, et il te considère comme un machin évadé d’un musée.
Et tu sais quoi? S’il ne traverse pas cette phase, il ne grandira pas droit. L’enfant qui ne traverse pas cette phase devra la traverser tôt ou tard alors autant tôt que tard. La crise d’adolescence qui survient à 21 ans à l’université est un tout petit peu plus dangereuse que la petite crise-con de l’enfant de 13 ans.
S’il doit se planter et faire des âneries, autant qu’il les fasse à un âge où il devra quand même avoir ton autorisation pour se faire tatouer « I love COCO » au milieu du front, non?
Certes, il faut veiller au grain, jouer son rôle de vilain dragon, mettre des limites jouables et négociables parce que rien n’est pire que le parent qui s’en fout. Si les limites ne sont pas placées, forcément, le grippé devra pousser loin pour avoir droit à son conflit.
Cependant, il ne faut pas paniquer : tous les jeunes ne sont pas des drogués (même si la plupart adore faire croire que si), toutes les jeunes filles n’échangent pas leurs charmes contre une pièce de deux euros (y en a, mais peu) et tous ne finiront pas dans le ruisseau ou sous un pont parce qu’ils ont merdé une bonne fois.
Etre là, comme avant, consoler quand il/elle perd son premier big-love-que-c’était-le-bon-tu-comprends-rien-ça-faisait-trois-mois, se rappeler qu’on a cru mourir quand Machin nous a quittée à 15 ans parce qu’on ne voulait pas coucher, se rappeler qu’on avait quand même envie de faire semblant d’être beurrée parce que ça faisait cool alors qu’on n’avait bu difficilement qu’une bière, se rappeler que nous aussi, on gavait nos parents avec des phrases caca remplacées aujourd’hui par des « yolo, vazy tu m’saoules ».
Puis pour le reste, on peut aussi rappeler que puisque ce sera tellement mieux quand tu te seras cassé de cette prison, tu peux toujours te trouver un boulot et te prendre un appart.
Ne pas oublier de rappeler aussi à ce bébé qui n’en est plus un que bosser, c’est dur. Peut-être en l’envoyant faire la plonge dans le restau d’à côté pendant l’été. C’est toujours une solution pour l’aider à piger que la vie n’est pas forcément rose pour nous non plus tous les jours et qu’il peut envisager de collaborer plutôt que nous plomber la life.
(Comment ça, t’as pas de diplôme? Comment ça, on te loue pas un appartement sans les trois mois de caution? Comment ça, tu pourrais pas avoir une playstation ET manger? Comment ça? Tu ne sais pas comment fonctionne un fer à repasser? Comment ça, t’as jamais fait tourner une machine à laver? Comment ça on t’a coupé l’électricité? Ah bah ouais, c’est si chouette, la vie d’adulte hein?)
Dans un an ou deux, parent, si tout va bien, tu retrouveras un être humain normal non-gloussant-râlant, promis.
Et pour conclure, fais le dos rond : un jour, il/elle viendra pleurer dans tes jupes pour que tu l’aides à élever SA progéniture. Et là, tu riras sous cape.
commentaires
Florence Casse
2015-02-23 23:35:48Caroline
2015-02-22 17:57:30doublesan
2015-02-22 17:37:08