« Coucou mes amouuuuuuuuuuuuurs ! Je fais de la télé-réalité et je viens vous parler aujourd’hui de ces super écouteurs iFaux que j’ai chopés beaucoup moins chers que les vrais sur ce super site hyper fiable qui existe depuis hier soir et qui va te prendre ton argent sans jamais rien t’envoyer ! Je te donne d’ailleurs un super code promo pour te faire plaisir ! »
Alors soit ce que je viens de dire vous dit quelque chose (et, je l’espère, vous horrifie), soit ça ne vous dit rien et vous allez être horrifié.
Alors d’un côté, on a les influenceurs « normaux ». Ils ont développé leur communauté en créant du contenu et ont, en général, une communauté qui leur ressemble.
Et de l’autre, on a une poignée (une grosse poignée hein quand même) de gens qui se sont faits connaître par les diverses émissions de télé-réalité et qui ont une communauté issue des spectateurs de ces émissions, et plus si affinités. Je vais essentiellement parler des femmes, mais il existe autant de messieurs qui se consacrent à cette passionnante activité…
Si vous ne connaissez pas, vous ne me croirez pas.
Ces gens vivent à Dubaï, déjà, en dehors des épisodes de télé-réalité. C’est un principe de base. Parce que niveau taxation apparemment c’est mieux. Puis niveau légalité, apparemment Dubaï, c’est moins regardant.
Leur job c’est de vendre des trucs qui ne marchent pas, ou des copies de trucs qui marchent, mais en version qui ne marche pas. Genre des faux AirPods qui fonctionnent deux jours. 5 fois moins chers mais toujours très chers pour deux jours d’utilisation. Ou des faux sacs à la mode. Et toujours, vraiment toujours, en renvoyant vers des sites qui existent depuis deux jours et qui disparaîtront quand ils auront ramassé la money.
Ils te vendent des trucs à 30€ que tu peux trouver à 1€ sur AliExpress en te faisant une offre géniale…
Autour de ça, ils te vendent une vie bizarre, faite de chirurgie esthétique toujours plus étrange et plus extrême, réalisée dans des pays où tu n’as pas forcément envie de te faire hospitaliser.
Alors quand je dis que ces gens vendent du faux, ils commencent d’abord par eux, vous l’aurez compris.
Les nanas de la télé-réalité ont toutes, en partie ou en totalité :
Et puis elles se font enlever des tas de choses pour les remettre ailleurs : le gras des cuisses pour le remettre dans les fesses par exemple.
Et sur tout ça, elles ajoutent des filtres et des retouches. Il est quasi impossible de les voir en story sans un énorme filtre qui lisse et toutes les photos sont retouchées, suffisamment grossièrement pour que des comptes Instagram se dédient entièrement au fait de montrer les retouches au public.
Et pour pousser la fausseté à son maximum, elles posent dans de fausses cabines de première classe, dans de faux avions. Ça fait parler d’elles, paraît-il, alors la semaine suivante, une compagnie aérienne les invite pour de vrai dans une première classe.
Bref, ces influenceuses-là ne sont pas tout à fait réelles, mais beaucoup de gens préfèrent faire comme si.
Oui parce que s’il y a une chose étonnante, c’est que leur baratin marche du tonnerre. Elles sont un peu le télé-achat du XXIème siècle et leur clientèle ayant souvent moins de 15 ans ou un esprit critique d’enfant (tout petit hein, celui qui croit encore au Père Noël), elles vendent vraiment beaucoup.
Donc elles palpent (c’est comme ça qu’on dit en 2021).
Si elles vendent plein de trucs faux, elles, par contre, elles s’affichent avec du vrai. Vrais diamants, vrais sacs Chanel (et ce n’est pas une bonne pub pour Chanel, entre nous soit dit), vrais Lamborghini, vraies servantes, vraies nounous et je t’en passe.
Alors elles font envie à tout un tas de petites filles qui, subitement, ont envie elles aussi de bouches XXL, de fausses dents, de faux nénés et de faux vagins. Oui parce qu’elles vendent aussi des opérations de rénovation du vagin.
Je ne dis pas « bêtes », vous noterez. Parce qu’on ne peut pas être totalement bête et parvenir à ce train de vie. Elles ont bien compris comment ça marche donc quelque part, certains neurones sont actifs (je dirais ceux du commerce, sans trop m’avancer).
Mais niveau culture, elles sont le niveau zéro de l’humanité. Incapables de prononcer trois phrases sans tuer la langue française, je ne vous parle même pas de leur orthographe.
Elles défendent des valeurs (celles de la télé-réalité, donc) qui font peur, massacrent allègrement l’image de la femme (big up à Maeva qui, il y a quelques semaines, conseillait à ses abonnées de se faire opérer pour retrouver un super vagin de 13 ans parce que les hommes aiment les vagins de 13 ans, le tout après avoir raconté à tout le monde que de toute façon, elle, elle a un très beau vagin, merci, on est ravis de la savoir).
Elles vendent d’ailleurs souvent leurs photos les plus hots sur un site alternatif du type Onlyfans où il faut payer pour voir le meilleur (ou le pire, ça dépend d’où on se place).
Pas des concours de petits joueurs ! On ne sait pas vraiment si quelqu’un remporte réellement ces concours, mais elle font gagner des iPhones, des sacs à 4000 boules, un an de loyer, et tout le tralala. Les conditions ? Essentiellement les suivre.
Parce qu’elles construisent leur fortune sur la crédulité de leurs abonnés et que pour ça, il en faut beaucoup.
Alors concours sur concours, elles font grandir la Caisse. Et elles font des scandales aussi.
Beaucoup. Elles pleurent, elles racontent les détails de leur vie, elles se disputent par stories interposées et les gens les suivent pour connaître la suite du scandale. Y a même fort à parier qu’elles organisent de fausses disputes pour augmenter leurs abonnés. Tout les fait grandir.
Là, par exemple, je vous ai parlé de Maeva, eh bien je fais grandir sa notoriété. Vous voyez ? Moi aussi je suis un peu contributrice. Et elle ne me dira même pas merci.
Je n’exagère pas. Maeva, c’est 3 millions de followers. Nabilla, presque 7. Jazz, 4 millions. C’est la moyenne.
Des millions de gens les suivent quotidiennement, likent, partagent, commentent. Chaque like, chaque vue, chaque commentaire participe à leur notoriété, améliore leur algorithme et elles ne font que grandir.
Qu’on les regarde « juste pour voir », « juste pour se moquer », « juste une fois », et ce bref moment augmente encore leur pouvoir. Elles sont toutes puissantes dans un univers dont bien des gens ignorent l’existence, pauvres malheureux, ignorant ce qui se trame loin de leur regard.
La réponse est oui. Ne cherchez pas, c’est oui. Puisqu’elles comptent parmi les personnes les plus suivies sur Instagram, elles sont, au fond, la preuve que c’est vers ce système que nous allons, les uns en refusant d’ouvrir les yeux, les autres en poussant la roue de leur succès.
Et la fin des temps, ce sera donc ça. Du faux, du plastique, des achats inutiles ou des arnaques, des filtres, des retouches, zéro culture et zéro valeur. Tentant, non ?
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Biondi Sandra
2021-09-24 14:05:35