Ce n’est pas la première fois que je t’écris dans le vide. J’ai le vague espoir que peut-être ici, tu entendras. La « jolie plume » que tu nous as léguée semble fonctionner par ici… Peut-être portera-t-elle ceci jusque toi.
35 ans d’absence, c’est un peu trop pour une seule âme. Si on ajoute les 18 de Gab, ton cumul commence à ressembler à de la perpétuité.
Je voulais te dire, puisque tu ne l’entends pas, puisque ces gens qui nous font actuellement la morale sur ton côté « formidable, brillant, intelligent » ne l’entendent pas, ce que tu m’as fait. Ce que tu feras sans doute à Gab, malgré nos luttes incessantes.
Quand un papa s’en va, dans la tête d’une petite fille, ça signifie qu’il ne veut pas d’elle. On pourra me dire en long en large que tu as fui pour « régler des problèmes » (qu’en réalité tu nous as laissés sur les bras), que tu as fui pour nous permettre d’être heureuses, je te répondrai toujours que tu m’as fait grandir coupée en deux, privée d’une vision du monde et à jamais incapable de comprendre la moitié de l’humanité.
Quand un papa s’en va, la petite fille se construit avec un éternel paradoxe : d’un côté l’homme ne vaut rien, de l’autre on aspire à en trouver un qui reste.
Quand un papa s’en va, tous les hommes qui passeront seront son parfait contraire (envahissants, paternels, mais aimants) ou son parfait miroir (brillants, intelligents, charismatiques mais fuyants et égoïstes).
Quand un papa s’en va, il laisse une plaie béante que rien ni personne ne colmatera. Au moindre éloignement de l’homme aimé, c’est la panique et la souffrance. Au moindre rapprochement, c’est l’inconnu et l’effroi.
Alors j’entends bien que « tu avais tes raisons », j’entends bien (leçon n°1 de marketing : je te comprends, mais je n’en pense pas moins). J’entends bien que tu « n’étais pas fait pour être père », que tu « étais un aventurier ».
Super. Tout ça me fait une belle jambe quand je constate que j’ai répété lamentablement l’histoire, que tu as continué l’engrenage sans même te débattre pour lutter contre le destin et que tu as répété ton forfait par deux fois. J’y ai gagné une sœur, me diras-tu. Heureusement, sans elle, j’étais la seule à porter mon nom dans la famille.
Tu connais cette sensation, non?
Tous les contacts que j’ai eus avec toi n’ont été que mensonges et manipulations. Lamentables qui plus est puisque j’ai les preuves contraires à tout ce que tu dis. La plupart écrites de ta propre main il y a maintenant plus de 30 ans.
Alors tu finis à la rue semble-t-il? Je suppose qu’après avoir mis sur la paille un nombre de gens incalculables, ce n’est que justice.Tu peux cesser tes courriers remplis de promesses de réussite et de voyages : tu faisais les mêmes avec autant de ridicule il y a trente ans.
J’ai 37 ans depuis quelques semaines. Je te rassure, je n’espérais plus une carte. Mais j’ai 37 ans et tu arrives encore à me blesser au travers d’autres.
J’ai lu récemment sur un site que quelqu’un d’autre (encore!) te souhaitait de brûler en enfer.
Je suppose que la vie que tu t’es construite est déjà un purgatoire. Et vraiment, c’est ta place.
Je remercierai donc tous les gens qui connaissent de près ou de loin Jean-Raymond Charlier, apparemment pour le moment au Portugal de
Adieu PAPA. C’était la dernière fois que tu avais de mes nouvelles. Tu peux arrêter de tenter de m’écrire.
Photo de couverture par Annie Spratt sur Unsplash
commentaires
christine Z.Collin
2020-11-25 15:48:57Martine Lejeune
2014-10-14 10:18:45Carole
2014-10-13 14:05:53Miz Fée
2014-10-13 13:40:56Yannick
2014-10-13 13:22:28