J’écoute beaucoup de Podcasts, un peu dans tous les styles et peu ont généré en moi l’idée d’en parler vraiment en détails. Un seul est sorti à ce point du lot : Méta de choc, d’Elisabeth Feytit.
Elisabeth Feytit est autrice, réalisatrice, documentariste et productrice, spécialisée dans la métacognition.
Son parcours l’a vue passer par la production de documentaires et films institutionnels primés à un niveau international et elle collabore avec les chaînes les plus sérieuses comme Histoire, Ciné+ ou Odyssée.
Le truc qui semble la brancher le plus ? Comprendre comment notre esprit fonctionne et pourquoi on pense ce qu’on pense.
Je suis tombée sur Méta de Choc grâce à la blogueuse Une fée dans les étoiles qui en parlait énormément. Elle a attiré mon attention en parlant d’anthroposophie et de la face cachée des écoles Steiner-Waldorf en évoquant leur lien avec Weleda, une marque de cosmétiques dont j’avais déjà testé les produits.
Elle parlait d’un système scolaire que je ne connaissais pas, malgré mes 18 ans d’enseignement ET de produits de beauté ET… de pratiques sectaires. Il fallait que j’en sache plus.
J’ai donc commencé par écouter les quelques heures composant les épisodes de Une vie en anthroposophie.
Alors si parmi vous, certains, comme moi auparavant, n’ont jamais entendu ce mot, sachez que je suis tombée des nues devant ce courant philosophico-ésotérique fondé par Rudolph Steiner dans les années 1910. Leur doctrine se veut proche de la nature et décrit le monde comme mû par des forces spirituelles.
Durant un entretien de plusieurs heures, Elisabeth Feytit écoute Grégoire Perra, ex-anthroposophe qui milite aujourd’hui pour la reconnaissance de la dérive sectaire des écoles Steiner. Grégoire Perra a passé une vie presque entière en anthroposophie, devenant même professeur dans l’un de leurs établissements scolaires, avant de quitter le mouvement avec pertes et fracas, procès en diffamation (gagnés), tentatives de fragilisation psychologique et financière et j’en passe.
Son histoire est bouleversante et l’envers du décor qu’il décrit est proprement effrayant. Je vous invite à l’écouter...
Parce qu’Elisabeth, oui, je l’appelle Elisabeth parce que j’ai écouté cette femme pendant suffisamment d’heures pour qu’elle fasse un peu partie de ma vie, Elisabeth donc aborde tout, sans fard.
Elle démonte les dérives du coaching et de ses manipulations mentales, les croyances de la sexualité, la déconversion d’un ancien témoin de Jéhovah, l’éducation positive, le féminin sacré, la géobiologie de l’habitat, la médecine quantique, les soins énergétiques, les énergies vibratoires, les croyances new âge, le reiki, la voyance, les hommes qui viennent de Mars et les femmes de Vénus, l’astrologie, la médiumnité, le militantisme, les algorithmes et j’en passe…
La majeure partie des épisodes confirmaient ma façon de penser : mes tentatives reiki et manipulation d’énergie s’étant souvent soldées par un gros échec par exemple.
Mais forcément, en écoutant démonter ainsi des pensées et croyances diverses, certaines de mes croyances ont été rudement mises à mal.
Vous vous souvenez peut-être de ma croyance concernant la rétrogradation de Mercure ? Eh bien forcément, en écoutant un ancien adepte d’astrologie (qui en est quand même arrivé à deux tentatives de suicide) expliquer comment il s’est laissé prendre là-dedans par des biais de confirmation, j’ai bien dû aussi repenser ma façon de penser.
Ma fille, que j’ai élevée, je pense, dans la pensée critique, m’ayant entendue dire, en pleine panne des réseaux sociaux et en pleine rétrogradation de Mercure, que « ah bah tiens, fallait bien que ça tombe en Mercure… » m’a dit « comment peux-tu écouter Méta de Choc, valider ce mode de critique et quand même croire en Mercure ? ». BAM.
J’ai donc tout écouté et mes dernières croyances sont tombées à l’eau.
Méta de Choc ne démonte pas pour démonter. Méta de Choc invite des spécialistes, des scientifiques, des penseurs et réfléchit, avec ouverture d’esprit.
Même les études scientifiques sont remises en question mais pas comme sur nos chers réseaux sociaux : elles sont décryptées, les méthodes sont étudiées, remises en question avec sens et objectivité et… bien des choses tombent à l’eau.
Dans Contes et légendes de l’intelligence, c’est une psychologue neuropsychologue, Stéphanie Aubertin, spécialisée dans les tests de QI. La notion de Haut Potentiel y est scrutée de près, avec toutes les idées reçues qui lui collent à la peau. On apprend comment la fiabilité de ces tests peut être interrogée et leur impact réel sur la vie des sondés…
Dans Les Hommes viennent de Mars et les Femmes de Vénus, c’est Odile Fillod, chercheuse en études sociales des sciences, qui analyse les études qui font référence et qui, parfois laissent pantois. Les origines biologiques des différences hommes/femmes, finalement, sont très peu connues ou démontrées et les études seraient finalement bien vagues. Sans compter que beaucoup des conclusions, finalement avérées plus tard fausses, continuent de rester garantes d’une vérité pourtant erronée parce que leur négation n’a jamais été autant mise en avant que leur conclusion initiale…
Ou à tout le moins, j’essaie de remettre en question mes croyances magiques, parce que plus je creuse et moins elles se justifient.
J’ai perdu bien du temps à lire des préceptes, par exemple, de la pensée positive. Encore une fois, j’ai tout remis en question. S’il est préférable d’insuffler en nous de la positivité, il est aussi dangereux d’en attendre des miracles.
Il m’est cependant difficile de vous transmettre en un article court tout ce que ce podcast m’a apporté donc je ne peux que vous conseiller de prendre le temps de l’écoute. Si elle n’est pas magique, elle est très très riche.
Nous sommes dans une ère où les pertes de repères poussent les gens à chercher de nouvelles croyances. Ces croyances peuvent nous limiter autant qu’autrefois certaines religions, nous guidant vers des lumières qui sont souvent des chimères. Ce podcast m’a permis d’accepter notre réalité telle qu’elle est, avec sa magie propre, souvent scientifique, moins lumineuse sans doute mais ô combien solide.
Et ne croyez pas qu’Elisabeth se pose en gardienne de la vérité, elle-même a vécu les croyances et explique son parcours et son travail pour lutter contre ses propres biais cognitifs.
Alors je me dis que ce podcast méritait bien une petite mise en lumière, parce que je suis persuadée, sincèrement, qu’il devrait être écouté par tous.
Un monde moins magique, ça peut paraître triste, mais c’est aussi une grande liberté. Si rien n’est magique, si nous ne sommes pas gouvernés par les esprits, les cartes, les planètes, notre sexe de naissance, les énergies vibratoires ou la médecine quantique, ça signifie que nous sommes les seuls à pouvoir guider notre vie. Et cette idée-là me plaît vraiment beaucoup…
Donc merci Elisabeth : j’espère, par ce billet, aider à propager votre travail et je continue d’écouter et d’apprendre la pensée critique, appliquée à MOI.
commentaires
Nath
2021-11-14 20:09:09Céline
2021-11-13 09:46:57