10 mars Fourre-tout / Ecouter

Clubhouse, le nouveau réseau : pour qui ? Comment ? Pourquoi ?

avis clubhouse

Alors autant vous dire que ce réseau fait du bruit dans certains milieux. Mais toi, qui me lis, là de suite, il est possible que tu n’aies même pas encore entendu parler de la nouvelle pépite, du nouveau ZE place to be de l’internet alors aujourd’hui, je t’informe (et te donne mon avis) sur Clubhouse.

Le jeu de l’élitisme et du pouvoir

Clubhouse, tu ne connais peut-être pas encore parce que ses créateurs en petits génie du marketing ont lancé l’app en annonçant qu’elle était en bêta test et que seuls quelques privilégiés, tous sur iOS exclusivement, possédant une invitation auraient le privilège d’y mettre les pattes.

L’idée c’est que tu te sentes l’élu, en gros

Donc si une bonne âme t’invite, tu reçois deux invitations à distribuer avec force mises en garde (si ton invité se comporte mal, tu seras viré avec lui). Pour peu que tu conserves ton compte quelques jours, on te file 3 nouvelles invitations. Et si en prime, tu es actif en créant des rooms (on en parle plus tard), on te récompense encore en te donnant des invitations.

Tu l’auras compris, le privilège est quand même vachement partagé : en moins d’un an, le réseau est passé de 1500 utilisateurs à environ 2 millions.

2 millions qui reçoivent, admettons 5 invitations, je te laisse faire le compte.

Mais peu importe, les gens veulent leur ticket pour le plaisir et certaines invitations se REVENDENT au marché noir. Ca me laisse sans voix.

Mais c’est quoi Clubhouse ?

Donc c’est un réseau où des gens créent des « rooms », sortes de lieux virtuels, où ils échangent sur des thèmes on ne peut plus variés.

Ca va du bien-être au développement d’entreprises en passant par l’immobilier (mon boulot du coup), les poneys, le violon et l’ASMR.

La révolution ? Tout est PARLÉ exclusivement.

Tu as donc dans chaque room un ou des host avec des co-hosts/modérateurs (dieux vivants) qui sont « on stage » (je t’apprends la langue) et qui peuvent choisir de te laisser monter on stage ou non. Si tu es on stage, tu as le droit de parler, sinon tu es juste auditeur.

Ça signifie aussi que tu peux « mettre Clubhouse » au lieu de la radio, si tu me suis.

Déjà un tas de codes

Quand tu débarques, tu as un petit émoji qui dit que tu es nouveau, pendant 7 jours. Donc pendant 7 jours, les gens sont gentils si tu ne connais pas les codes. Mais ensuite, gare à tes fesses si tu ne maîtrises pas la langue.

Quelques exemples ?

  • arriver on stage en oubliant de couper son micro, c’est considéré comme impoli.
  • D’ailleurs couper son micro sans qu’on t’ait demandé de parler, c’est MAL.
  • Pour applaudir, il faut couper, allumer, couper, allumer, couper très vite ton micro. Ca fait des petits crépitements visuels qui signifient que tu trouves ça troooop bien.

Ce sont de petits exemples mais les « règles » n’arrêtent pas de s’ajouter au quotidien et tout n’est pas encore figé (d’aucuns s’interrogent actuellement sur le fait de couper allumer couper un peu plus lentement pour signifier qu’on souhaite parler, par exemple…😅)

Tout le monde est coach ou CEO

C’est un truc qui saute vite aux yeux sur Clubhouse : tout le monde est trop balèze de la mort.

Seul truc très very louche, les gens sont CEO ou coach dans une branche MAIS ils sont H24 sur le réseau. De mon côté par exemple, gérant Flexvision, je n’ai ABSOLUMENT pas le temps (ni l’énergie) d’être dans 3 rooms du matin (certaines commencent à 6h) et dès 9h, je suis plongée dans mon boulot. Je me vois mal passer mes journées sur l’app.

Pourtant je vois tout le temps les mêmes personnes branchées dans plein de rooms (on reçoit des notifs nous invitant à les rejoindre et je n’ai pas encore coupé ces notifs, mais ça ne saurait tarder).

Bon calcul pour le business ?

Oui et non.

Oui parce que c’est actuellement le bon moyen de discuter avec des gens que vous ne rencontreriez jamais aussi aisément dans la vie. Dans des rooms immobilières, j’ai pu discuter avec des patrons de groupes français et c’était très constructif.

Et non parce que, déjà, cette proximité est temporaire : les gens sont chaque jour plus nombreux et tout deviendra vite inaccessible.

Pour le boulot, il y a des rooms de recrutement, des rooms où pitcher un projet etc. C’est très intéressant mais hyper chronophage.

Les travers qui se pointent sur Clubhouse

Un des plus gros travers que je relève sur le réseau, c’est de nouveau le besoin de notoriété qui sent mauvais.

En premier, dans le débordement CH, on trouve aussi les gens qui ont décidé que leur futur métier, c’est host Clubhouse. Ils animent donc des rooms en permanence en mode animateur des radios libres des années 90 à grands coups de « toi tais-toi je te redescends » « toi tu dégages » et se créent une notoriété relative, courant dans les rooms où de vrais people sont présents pour « se faire repérer ». Un exemple : le soir où Gad Elmaleh s’est pointé sur le réseau, bagarre générale pour savoir QUI serait le prochain humoriste du siècle et QUI récolterait le plus grand nombre d’abonnés.

Seconde quête : le nombre d’abonnés. On le sent venir de loin, les gens se battent pout les abonnements. Pas une room où les Hosts oublient de te dire de t’abonner à leur profil, pas une room où on n’essaie pas de venir on stage pour te vendre sa room de l’heure qui suit.

Troisième travers : le concours d’éloquence. On est quand même vachement dans un concours où gagnera celui qui délivrera le témoignage le plus poignant, le plus intime ou le plus éloquent. Dans les rooms intellos, c’est à celui qui déclamera le mieux.

Quatrième travers et non des moindres : le côté discussion de comptoir. Parler de tout, c’est super, avec n’importe qui, faut voir. On se retrouve quand même sur une plateforme où tout le monde peut tout dire, avoir son avis sur tout comme dans le café du coin. Le souci c’est que, comme dans tous les cafés, on peut trouver des pépites et des personnes d’expérience qui vont livrer une réflexion de génie mais également des bourrins qui auront tout à dire sur n’importe quoi sans réflexion derrière. On peut donc déjà sentir le danger survenir.

Dernier travers : on croise parfois des gens sur Clubhouse qui sont là pour glaner un truc gratis ou, plus triste, pour glaner des followers. On les retrouve alors dans une room sur les hypersensibles où ils te racontent un truc, pour être ensuite sur une room d’humour où ils te racontent qu’ils rêvent de devenir humoriste, pour rebondir enfin dans une room sur l’immobilier où comme par hasard, ils sont multi-investisseurs. Et dans tous les groupes, ils lèvent la main, montent on stage et te disent qu’après leur intervention, ils doivent partir car ils vont bosser alors que 3 minutes après, ils sont sur une room de sophrologie.

On retrouve donc bien les travers des réseaux.

Les côtés cools de Clubhouse

Pour qui aurait le temps, Clubhouse, c’est un endroit où, du moins dans certaines rooms, on croise de chouettes gens avec de belles histoires. Les gens se sentent encore libres de parler de leur expérience et de la livrer comme elle vient. Je pense que c’est temporaire car, de mon côté, j’en disais déjà plus la semaine passée avant que pas mal de mes clients n’arrivent dans l’app. Difficile en effet de parler syndrome prémenstruel quand le PDG d’une boite avec laquelle je travaille a rejoint la room suite à la réception de la notification l’y invitant. Donc le côté frais, c’est le moment d’en profiter rapidos.

On vit aussi des moments ubuesque. Des peoples (des vrais) sont là en totale roue libre. Loin de moi l’envie de monter discuter, mais écouter par exemple des journalistes de guerre raconter leur histoire en toute liberté, c’est vraiment nouveau. Croiser de grands producteurs qui expliquent comment ils gèrent leur boite, c’est passionnant.

Et j’ajoute aussi que c’est un énorme lieu d’apprentissage : tout le monde fait une room qui parle de son truc. J’ai écouté des rooms passionnantes sur des trucs que je ne connaissais pas, écouté de vrai(e)s coaches ou des patrons donner leurs conseils (oui, j’écoute un peu les trucs qui m’intéressent professionnellement) mais également des sujets scientifiques ou des rooms d’échange sur la lecture ou l’écriture.

Enfin, même si je n’ai pas pris le temps de tester, on trouve des gens qui proposent des jeux, du genre qui est-ce, ou des blind test etc. L’occasion de rigoler un coup au besoin.

Est-ce que Clubhouse, c’est l’avenir ?

En tout cas ça va changer quelque chose.

Les podcasts montent en flèche et les gens semblent friands d’échanges VERBAUX.

Ce sera, je pense, un lieu différent, en tout cas, où chacun pourra trouver son compte. J’aimerais beaucoup, de mon côté, y faire des rooms avec vous, les Imparfaites, parce que c’est assez miraculeux de discuter comme ça, si simplement. Mais bien entendu, je compte y faire des rooms 100% pros et donc le paradoxe de ma vie pro vs ma vie d’Imparfaites risque de sauter aux yeux là-bas plus que nulle part ailleurs.

Venez voir !

PS : si vous voulez plus d’infos sur COMMENT faire, vous pouvez aller lire l’article de ma collègue chez Flex.

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