9 mars SSLP (Salutaire Solution du Lâcher Prise) / Coups de gueule (pas toujours justifiés)

« A quand une journée des droits de l’homme ? »

droits de la femme

Ca fait longtemps que je ne me suis pas emportée suffisamment pour avoir envie de pondre un article un peu hargneux mais ce blog est mon exutoire et reste, encore, le lieu où mes mots sortent quand je les garde en moi dans la vie.

Hier, c’était la journée des droits de la femme. Je suis habituée et j’observe froidement les marques qui osent encore mettre en avant en ce jour leur dernière cure minceur ou leur super grille-pain.

Par contre, allez savoir pourquoi, je tique (maigre mot, en réalité, je bouillonne) quand je vois certains de mes contacts, époux et pères, hommes plutôt lettrés se gausser en choeur avec des statuts du type « A quand une journée des droits de l’homme » ou « Quand va-t-on nous foutre la paix avec cette journée de la femme ».

C’est ça que tu veux pour ta fille ?

Faut bien que tu piges, mec, que ta fille est née dans un monde où 25% des femmes (c’est une étude statistique mais on est sur mon blog et j’ai la flemme de chercher la source, Google est ton ami, c’est le mien aussi, il te dira que j’ai raison), où 25% des femmes disais-je ont PEUR DE MARCHER SEULE EN RUE.

Mais de quoi ont-elles peur ces poltronnes ? Des voitures qui roulent vite ? De se faire voler leur sac ? Non, non. Elles ont peur, et je vais mettre des mots clairs et précis, comme ça peut-être que tu réaliseras réellement de quoi on parle, qu’un mec les chope, ou plusieurs, et qu’il l’empêche de bouger parce qu’il est plus fort. Qu’ensuite il mette ses gros doigts dans son vagin de force. Ça lui fera mal, parce qu’elle sera contractée. Elles ont peur qu’ensuite, il l’immobilise avec leur poids pour rentrer leur sexe dans leur corps. Je sais que le mot viol, c’est devenu plus courant mais alors dis-moi, est-ce que, comme ça, tu comprends de quoi on parle ?

Tu aimerais toi, que dans la rue quand tu te promènes, sous prétexte par exemple que tu es en short, quelqu’un de vachement plus fort que toi te chope et t’enfonce les doigt dans ton précieux petit anus ? Et si tu savais que c’est super courant, si on t’avait déjà suivi, ou drogué pour ça, t’en penserais quoi en fait ? Tu te dirais aussi que ça ne vaut pas une petite journée militante ?

Est-ce que tu sais que ta fille, en lui souhaitant de ne pas le vivre, craindra ça, le soir dans la rue ? Ca ne mérite pas une journée de réflexion annuelle ça ? Ne serait-ce que ça ?

Je te laisse aller consulter d’autres chiffres sur le site de la RTBF. S’ils ne te font pas un peu réfléchir, je ne peux plus rien pour toi.

Un monde de prédateurs

Tu me diras que les femmes comme moi, qui gueulent pour défendre des droits que, finalement, elles ont, s’imaginent vivre dans un monde de prédateurs et que le prédateur c’est toi.

J’aurais bien envie de te dire que non, mais comme toutes les filles ou presque, des mecs m’ont déjà emmerdée dans des soirées de façon déplacée, sans compter qu’on m’a déjà mis du GHB dans mon verre et qui sait ce que ça aurait donné si ma soeur n’avait pas été là. Parce que ça aussi, tu vois, c’est ton sexe qui le fait : c’est un homme qui a tenté ce coup-là, que tu le veuilles ou non. Droguer quelqu’un pour lui faire je ne sais quoi, je pense qu’on peut qualifier ça de prédation.

Mais si on lève un peu la tête et qu’on s’éloigne de notre petit pays, je te dirai aussi que

  • 200 millions de femmes ont été excisées, on leur a retiré le clitoris (faudrait pas qu’elles aient du plaisir, vois-tu) souvent avant 5 ans et souvent sans anesthésie. Certaines ont été intégralement et littéralement COUSUES.
  • 12 millions de jeunes filles mineures sont mariées de force chaque année.

Ces deux chiffres-là, rien qu’eux, méritent vu leur ampleur sidérante, qu’on consacre une journée à rappeler que les droits des femmes doivent être défendus et que toi, Européen moyen, père de gamin ou de gamine, tu les élèves dans la protection de ces droits et non dans la franche rigolade.

Quand 200 millions de petites/jeunes filles subissent des trucs pareils, que c’est de notoriété publique et que les gouvernements ne peuvent rien faire, je pense qu’on peut parler de prédation et que ça mérite, à défaut de condamnation, au moins une petite journée pour en parler.

Nos droits sont récents et menacés

Tu sais, on n’a le droit de vote que depuis 1948. Et ce n’est valable encore que dans certains pays. D’autres aimeraient se battre pour ça, mais si elles militent, on les tue, ça fait réfléchir.

On n’a le droit de faire des études que depuis 1924. Le mari n’a plus le droit de contrôler le courrier de sa femme que depuis 1975. Et on n’a le droit à l’indépendance financière que depuis 1965. Avant ça, c’était toi qui tenais les comptes, on ne pouvait pas en avoir un. Ca nous empêchait de partir, vois-tu, si tu te comportais comme une merde.

Rho ça vaaaa on est égaux aujourd’hui !

Je te passerai le couplet sur les chiffres qui montrent que non, pas encore.

Je veux juste te dire que si, dans ton entourage, il y a des femmes qui ont la mémoire courte (et ça va souvent de pair avec les idées courtes hein, tu m’excuseras, je ne suis pas sexiste en ce domaine), il y en a qui sont conscientes que le monde dans lequel on vit fait de nous par essence des POTENTIELLES victimes, de POTENTIELLES soumises.

Je ne pense pas qu’une journée pour ces droits-là change fondamentalement les choses puisque certains hommes réagissent comme toi, mais qui sait, avec le temps, les millions de femmes vivant totalement sous la coupe de sociétés patriarcales finiront peut-être par vivre aussi librement que nous.

Mais on n’est jamais à l’abri d’une tour en arrière. Je te renvoie pour cela, à l’excellente explication du site Herodote, un site d’historiens, qui analyse le recul des droits de la femme dans certains pays islamistes.

Les reculs existent, surtout pour des droits si récents. Si tu n’en es pas conscient, que veux-tu que je te dise, hormis : cultive-toi.

Les hommes intelligents ne s’insurgent pas contre ce type de journée. Ou alors Eric Zemmour. Mais t’as envie qu’on te compare à Zemmour ?

Des statuts comme ceux que j’ai vus hier ne témoignent que, finalement, d’un manque de culture, d’un manque d’ouverture d’esprit ou, tout simplement, d’un manque d’empathie.

Allez, sur ce, bonne journée, monsieur : après tout, c’est ta fête tous les autres jours de l’année, tes droits à toi ne seront jamais remis en question, au fond.

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commentaires

Florence Casse

2021-03-09 11:25:26
J'ajouterais quand même que la culture du viol est un véritable fléau dans notre société et que si d'aucun osent clamer que #MeToo est à la mode, c'est surtout le viol qui l'est, et depuis des lustres. Et malgré tout, à la moindre dénonciation, on se presse de présumer l'accusé comme innocent (soit, c'est de bonne guerre en terme de justice) mais surtout la victime de coupable (de l'avoir bien cherché ou carrément de mentir à ce sujet). Il est aussi bon à savoir que la plupart des cas de viols n'ont pas lieu violemment dans la rue par un ou plusieurs inconnus comme tu en donnes l'exemple dans ton article, mais beaucoup plus souvent dans la sphère privée, par un partenaire romantique (pas forcément d'un soir), voire par un parent (père ou frère). Et à tous les hommes qui répondent "Not All Men", dites-vous bien que le jour où quelqu'un vous fait du mal, ça ne fera pas vos affaires qu'on vous dise que "les gens ne sont pas tous comme ça", vous penserez juste au coupable qui vous a abusé.