6 avril SSLP (Salutaire Solution du Lâcher Prise) / Coups de gueule (pas toujours justifiés)

Ces prévisions tragiques qu’on ne devrait pas partager…

Grande nouvelle : je m’achète (enfin) de nouvelles hanches. Oui, je sais, je n’ai pas l’âge mais parfois que voulez-vous, on use plus vite la machine que la nature ne l’avait prévu. En tout cas quoiqu’il arrive, on me change la hanche droite début mai et la suivante quelques mois plus tard pour deux hanches toutes neuves en céramique (oui, maintenant les prothèses sont en céramique, c’est bizarre mais c’est comme ça). 

Alors déjà, quand le chirurgien m’a avertie que dorénavant, on faisait ça en rachi, c’est-à-dire plus ou moins sous anesthésie locale (en péridurale quoi), je vous avoue que je ne dansais pas la gigue (sachant que si on me remplace les hanches, vous vous doutez bien que je ne la danse plus depuis un petit moment…). 

Imaginer qu’on allait me scier l’os et probablement y aller à coups de marteau et burin tout en me faisant la conversation, je n’étais pas ravie ravie. 

Mais j’avais décidé de me dire que c’était un mal pour un bien et d’être positive. 

Et, grand mal m’a pris, j’ai voulu partager ma joie sur mes réseaux. 

Mauvaise idée. 

Je me réjouissais de voir enfin le bout du tunnel de 5 ans de galère hanchiale (c’est mon blog, j’utilise les mots que je veux) et j’ai voulu partager voyez-vous. 

Et c’est là que je me suis rappelée que tout le monde n’est pas toujours positif dans la vie et surtout pas sur les réseaux. 

J’ai reçu une bonne trentaine de messages alarmistes me disant que :

  • Grand-mère Jacquotte a beaucoup souffert et a mis presque un an à s’en remettre
  • Oh mon dieu mais comme j’allais souffrir
  • L’expérience de l’opération sans anesthésie générale sera affreuse, je verrai le sang et les boyaux
  • Je me faisais des illusions si je pensais que j’allais pouvoir refaire du sport un jour dans ma vie
  • Et j’en passe. 

Au début j’ai ri puis petit à petit je me suis dit que la nature humaine c’est quand même quelque chose de particulier. 

A croire qu’on aime bien transmettre nos expériences négatives à ceux qui vont devoir les traverser à leur tour. 

La preuve par la femme enceinte…

Le meilleur exemple ? Quand tu es enceinte. 

Être enceinte, c’est l’assurance de croiser PLEIN de mères qui ont une furieuse envie de t’expliquer TOUT ce qui s’est mal passé pour elles. Un bonheur. 

Tu es dans ton trip layette et petits oiseaux et voilà qu’on te parle de gaz, d’épisiotomie ratée ou de trucs super graves dont tu n’as évidemment AUCUNE envie d’entendre parler. 

Ça ne veut pas dire que tu vis au pays des bisounours, ça ne veut pas dire que tu ne te doutes pas que tu vas déguster, ça veut juste dire que tu as envie de voir le bon côté des choses. Et bizarrement, on dirait que les gens refusent obstinément de te laisser dans ta jolie bulle rose bonbon pour s’assurer que tu vives dans une angoisse intersidérale durant 9 mois. 

Et c’est valable pour tout

Les gens ont cette sorte de superpouvoir de ramener ta future expérience déjà un peu stressante à la leur et si possible à la PIRE. 

Tu dis à quelqu’un que tu vas prendre l’avion malgré ta phobie et les voilà occupés à te raconter la seule fois où ils ont traversé des turbulences ou à te raconter la pire scène de catastrophe du cinéma. Et des « tu te rappelles la scène d’intro de Lost, quand l’avion se crashe ? hahaha c’était génial ». Et toi, forcément, tu es obligée de rester stoïque et aussi courtoise que possible vu la situation. 

Mon analyse psy-de-comptoir

Je serais très curieuse d’entendre l’avis d’un psy sur ce type de comportement…

C’est quoi ? Le plaisir de provoquer la peur ou de l’entretenir ? Ou plutôt le fait de se rengorger d’avoir survécu et surmonté le traumatisme ? Est-ce que, à leurs yeux, ça revient à une sorte d’expérience d’ancien combattant ? Est-ce que ces gens attendent une MEDAILLE ? Moi je dis que la question se pose…

D’ailleurs je propose qu’on ajoute ces catégories aux Oscars (et non, je ne reviendrai pas sur Will Smith, vous ne me conduirez pas sur ce terrain). 

J’imagine déjà la scène : 

Et l’oscar de la mère la plus courageuse qui a l’histoire d’accouchement la plus sanglante à raconter au souper est attribué ààààààà Jacqueline de la compta !

Je pense que ça en satisferait plus d’une. 

Plus sérieusement…

Bref, c’est le moment de donner mes quelques recommandations du jour. 

Quand un ami vous raconte qu’il va vivre un truc pas agréable ou qui lui fait peur, je me permets de vous conseiller ces quelques réactions OBVIOUS. 

  1. C’est impressionnant c’est vrai, mais tu seras ravi( e ) du résultat, tu verras. 
  2. C’est certain que ce n’est pas super à vivre, mais tu vas vite oublier !

Et puis si vous avez vécu une expérience tragiquement douloureuse, promis, personne ne vous en voudra de mentir. Le mensonge est pardonné dans ces cas-là. 

Le chirurgien s’est loupé pendant votre opération et vous a laissé un bistouri dans l’estomac ? NE LE RACONTEZ PAS à votre collègue qui vient de vous dire qu’elle devait subir une intervention chirurgicale. 

Non, ça ne l’aidera pas à se préparer, ça va juste la faire flipper inutilement et je doute fort qu’un état de stress avancé soit la meilleure solution pour une opération paisible. 

Votre accouchement a duré 79 heures et vous avez failli mourir douze fois ? Devinez quoi ? Ca ne va pas encourager votre cousine à accoucher à son tour. Et je vais vous révéler un scoop : même si votre expérience était horrible, il y a peu de chance qu’elle puisse éviter d’accoucher juste sur votre bon conseil si le polichinelle est déjà dans le tiroir. Quand le vin est tiré, toi-même tu sais, copine.  

Une personne qui a peur de faire quelque chose et qui le fait quand même n’a en général pas le choix. Dans mon cas, je vous avoue que si je pouvais vivre avec mes hanches en gruyère, je vivrais avec. Je ne me suis pas réveillée un matin en me disant que ce serait super fun de mettre des hanches en céramique hein, ne vous trompez pas. Sinon j’aurais pris une matière plus sympa comme un joli plexi crème ou de la turquoise : j’ai toujours aimé la turquoise, ça fait vacances. Si j’y vais, c’est contrainte et forcée. Alors n’hésitez pas à me mentir et à me dire que tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes et que je marcherai dès le lendemain. Je ne vous en voudrai pas si je découvre que c’était un mensonge, c’est promis. 

Sur ce, si vous voulez, je vous raconterai un jour mon accouchement : c’était pas de la tarte. 

Photo de couverture : Shrestha Basu Mallick on Unsplash

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commentaires

Mlsre

2022-04-13 13:27:45
COURAGE ! :-) Et bisous, paillettes et toutes les bonnes choses :-*

Nath

2022-04-07 18:45:43
Si ça se trouve, c'est pour cela que les nouveaux nés ne savent pas parler dès la naissance: ça leur évite d'entendre et de se raconter des histoires affreuses sur ce que ça va être la vie! Pour l'opération, l'anesthésie locale va peut être rendre le moment plus angoissant, mais ça limite aussi tous les risques liés à l'anesthésie générale et tu devrais te remettre plus vite. Il faudra venir nous raconter ta vie avec des hanches toutes neuves! Bisous Nath