5 mai SSLP (Salutaire Solution du Lâcher Prise) / Coups de gueule (pas toujours justifiés)

Réseaux sociaux : est-ce que désormais, tout est mal ?

Alors je sais que plein de gens vont me tomber dessus mais tant pis, j’en ai vu d’autres. Je tiens à préciser que ce que je vais dire ici est plus une sorte de réflexion, une observation intriguée mêlée d’une certaine inquiétude.

Ce que je vois, partout aujourd’hui, c’est une sorte de vigilance extrême, dans une frange de la population qui, à force d’être extrême, commence à ressembler, lentement, à une forme… j’ose le dire, ne me frappez pas… d’intégrisme.

On a commencé avec les vegans

J’ai d’abord remarqué ça chez les Vegans il y a quelques années. J’envisageais de devenir végétarienne et, à l’époque, j’ai intégré un groupe Facebook appelé, si j’ai bonne mémoire, quelque chose comme « végés, végans et sympas ».

C’est quand j’ai lu des gens se disputer jusqu’aux insultes à savoir s’ils avaient le droit d’avoir un chat ou non voire de l’obliger à s’alimenter de croquettes végétales parce que sinon c’est mal que j’ai eu un doute.

Ces gens s’insultaient, se traitaient de monstres, se déchiraient pour savoir qui était le meilleur vegan de la Terre. Celui qui osait poser une question naïve du genre « mon compagnon mange de la viande, comment supportez-vous de la voir dans l’assiette des personnes avec lesquelles vous vivez ? » se retrouvait avec « si tu acceptes de vivre avec quelqu’un qui mange du cadavre, tu es un monstre, tu dois le quitter ».

J’ai choisi de ne pas devenir végétarienne : ils m’avaient foutu les jetons.

De fil en aiguille (pointue, l’aiguille)

Et puis des actions se sont multipliées dans des tas de domaines. Actions que, en bonne féministe, pas raciste etc, je trouvais carrément cool.

Balance ton porc, j’étais à fond. Je trouve que la femme a acquis se droits il y a trop peu de temps et que ces droits sont fragiles. Je crois aussi que des tas de comportements de certains hommes sont totalement déplacés.

Donc dans un premier temps je trouvais qu’on avançait dans le bon sens.

Puis, j’ai dû louper un épisode, ce féminisme a été poussé à un extrême effarant à mes yeux où tout comportement masculin est devenu le diable, ni plus ni moins.

L’appropriation ethnique

La lutte contre le racisme, je trouve ça tellement logique. Et puis on en est au stade où, si une blanche se fait des tresses africaines, elle se fait insulter (par des blanches la majeure partie du temps) et on lui dit que c’est de l’appropriation ethnique.

A quel moment le partage des cultures est-il devenu de « l’appropriation ethnique » ? J’ai grandi dans un quartier avec des copines italiennes, africaines et marocaines. Pas une seule fois, on a même réalisé qu’on n’était pas de la même couleur. Du coup, certaines se lissaient les cheveux, d’autres se faisaient faire des tresses africaines par la maman qui savait les faire. Et tout le monde s’en tamponnait le coquillart. Ma grand-mère a appris à ses copines italiennes à faire des frites à la graisse de boeuf (pardon aux vegans) et elle a appris d’elles à faire elle-même ses pâtes. Et c’est la mère de ma copine Delila qui a appris à ma grand-mère à me faire des tresses appliquées.

Ce n’était pas de l’appropriation ethnique, c’était du partage et moi, je crois que c’est dans le partage qu’on abolit les différences.

Mais aujourd’hui, si tu ne fais pas partie d’une minorité, fais bien attention à ne pas oser lui emprunter un code.

Et là j’entends certains « n’a-t-on pas déjà assez volé aux Africains ? ». Et je plussoie. Bien entendu qu’en tant que Belge, je ne peux éprouver qu’une forme de honte quand je pense à notre histoire commune. Est-ce que ça qui doit dicter désormais tous mes échanges avec mes copines ?

Est-ce que, si je demande à une de mes copines asiatiques ses tuyaux, c’est de l’appropriation ? Est-ce que si je demande à une copine noire qui a l’habitude de mettre des perruques comment elle fait, elle devrait me répondre « les perruques et les tresses sont l’apanage de ma communauté, bas les pattes ? ». Je peux te dire que justement, tes copines, tu ne les vois pas par leur COULEUR, merde. Ni par leurs goûts alimentaires. Ni par leur taille de fringues. Ni par leurs préférences sexuelles.

QUI se dit réellement de ses copines « c’est mon amie asexuelle blanche XS flexitarienne ? » ou « c’est mon pote gay vegan » ???

En principe, hormis pour choisir le menu, tu t’en tamponnes de ce que sont les gens, ce sont des amis, ton entourage, ta vie.

Les droits des minorités

« Tu parles en tant que femme privilégiée blanche hétéro ». C’est la réponse que j’entends souvent quand je tente de comprendre. Et c’est souvent une femme blanche hétéro machin qui me le dit.

En réalité, j’ai la sensation qu’on veut tellement étiqueter tout et tout le monde, demander des droits différents pour revendiquer une existence, qu’on perd un peu la raison.

Et à force de vouloir rendre les minorités égalitaires, on crée de nouvelles minorités, presque en les ostracisant.

J’ai lu l’autre jour que les protections féminines ne devaient plus être appelées « protections féminines » parce que certaines personnes qui ont leur règles ne se ressentent pas femmes.

Alors je me demande un peu si ça ne va pas trop loin. Si justement on ne crée pas des fossés entre les gens à force d’étiquettes. Ma fille de 15 ans ne s’y retrouve plus dans les identités des gens de son âge. Parce qu’il existe une nouvelle tendance sur les réseaux, c’est d’indiquer CE QU’ON EST sous forme de contractions et expressions symboliques. Ainsi, j’ai appris que ma fille est une she/her, à savoir une fille qui se sent fille. Mais apparemment, aujourd’hui, on peut demander à se faire appeler « iel », contraction de « il » et « elle » si l’on hésite entre les deux. On peut aussi indiquer « They ».

Et donc, si on ne demande pas à quelqu’un quel pronom on doit utiliser à son sujet, on est devenu impoli.

Voilà, quelque chose qui me sidère :

Je suis perdue, je suis vieille, je suis décalée

J’allume la télé et je vois une femme blanche déclarer qu’elle est Noire, parce qu’elle se sent noire dans son âme, j’entends parler de 53 dénominations sexuelles, d’adultisme (où on ne doit plus en tant qu’adulte traiter l’enfant comme un enfant qui doit apprendre mais comme un égal), de grossophobie de partout. J’écris un jour que mon chat est un « gros patapouf » et on me dit que c’est une remarque grossophobe.

On doit presque, sur les réseaux, se définir avec une précision carrément flippante. Et surtout, on doit se définir par sa DIFFERENCE.

J’ai déjà du mal, moi, à m’assimiler globalement aux humains, dans un monde comme le nôtre. Alors vous pensez bien que savoir précisément qui on est me paraît teeeeeellement complexe. Est-ce qu’on n’est pas TOUS un peu similaires ? Je veux dire… est-on obligé de TOUT étiqueter vraiment ? Est-ce que ça va faire progresser les choses ?

Faut pas laisser les gens nous mettre des étiquettes mais faut-il s’en mettre de partout nous-mêmes ????

Si tout ceci se faisait dans la bonne humeur, j’applaudirais. Mais que nenni.

Tout le monde, PARTOUT, s’engueule. Tout le monde s’insulte en demandant le respect. C’est comme si, à force de vouloir le respect pour tous, il disparaissait pour tout le monde et qu’à la fois, tout le monde se retrouvait à marcher sur des oeufs de crainte de dire ou de faire quelque chose qui pourrait vexer l’une ou l’autre conviction personnelle.

À quel moment peut-on dire qu’on va trop loin ?

Mon trop loin est différent du tien et inversement. Voire nos « trop loin » sont sans doute différent par SUJET.

Mais je crois, moi, qu’on est allés trop loin dans l’étiquetage.

Je crois qu’à force de vouloir des identités distinctes on développe des clans ennemis et, à mon grand âge, ça me fait peur.

Multiplication d’intégrismes ?

Mettons le mot sur ce que je ressens : je ressens une sorte de croissance d’intégrismes divers mais qui couvent de partout. Parce que les gens ont sans doute besoin de croire en quelque chose, de se rattacher à des valeurs et des clans à tout prix, de se créer des familles individuelles, parce que tout perd son sens et semble un peu vain sans doute.

Mais est-ce qu’on n’a déjà pas assez d’emmerdes entre les PAYS et les RELIGIONS sans aller se chercher d’autres raisons de se taper sur la gueule ?

Définitivement, je pense qu’il est temps, au lieu de chercher ce qui nous différencie des autres, de chercher ce qui nous rapproche.

Tu pourrais aussi aimer…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

commentaires

Mallory Fromont

2021-05-21 04:40:58
Hello! Très belle réflexion sur notre besoin d'appartenance. J'ai essayé d'appartenir à des "clans" de ceci ou cela, mais je n'y suis pas suffisamment engagée et extrémiste. A travers mon exploration personnelle, j'ai découvert que ce qui me manquant, c'était de croire en quelque chose de plus grand, un peu de spiritualité en somme. J'ai découvert que je fais déjà partie d'un clan, celui des êtres humains qui est une sous branche de celle des être vivants. Chaque être qui m'entoure fait l'intendant partie de mon clan. Il a ses propres croyances, défauts et qualités. Mais dans son corps bat un cœur identique au mien. Croire en cela me permet de me sentir en relation avec chacun. Belle journée à tous.

Celikoz

2021-05-19 15:08:56
Merci, juste merci , je pense exactement comme toi , les gens sont devenus des extrémistes, extrémistes religieux, alimentaires, écologistes, féministes...Je ne me reconnais plus dans ce monde de fou. Je n'ai aucun réseaux sociaux c'est extrêmement néfaste.

Sonia

2021-05-09 21:04:28
Merci. Juste merci !

cros

2021-05-06 08:57:48
Merci pour cet article qui en effet me laisse souvent perplexe quand il faut expliquer quelques chose et tu te poses plus la question de la forme que le fond de ton message!!! Puis maintenant avec le virtuel les gens se permettent tellement de choses...