Bon, c’est sûr, vous avez entendu parler de cette histoire. Emmanuel Macron a recadré un gamin qui l’interpellait par un « Salut Manu » lors d’un événement protocolaire.
Je n’aime pas qu’on porte un jugement sans tout savoir. Donc se limiter à « il n’a pas aimé qu’on ne l’appelle pas monsieur le Président », ça me navre.
Je vous propose donc d’aller voir la suite de l’échange sur Le Figaro. Vous verrez que l’échange est nettement plus long que ce qu’on a laissé voir. Ca parle de brevet, ça parle de réussite, ça parle d’avenir, ça parle de plein de choses en fait.
Alors première précision : je m’en fous, en soi, de Macron. Je ne suis pas Française, déjà. Je suis l’information de loin et, pour être franche, j’ai tendance à faire comme tout le monde et mettre tous les politiciens dans le même panier et à me dire qu’ils sont surtout là pour leur réussite personnelle. Donc je ne pars pas positive à son égard. Je m’en fous, point barre.
L’info m’est passée sous les yeux sans que ça me paraisse important. J’ai entendu, j’ai zappé.
Mais le lendemain, j’ai entendu sur Vivacité des interventions d’auditeurs. Le thème était en gros « l’adolescent recadré par Macron mérite-t-il des excuses publiques du Président? ».
Rien que la question m’a fait faire une tête à peu près comme ça :
Je rigole seule dans ma voiture, me disant « non mais c’est une blague t’sais t’inquiète ». Et si j’entends un tas de gens avoir exactement la même réaction que moi (Dieu merci, il reste encore des gens sains d’esprit), j’en entends quand même un petit paquet prendre la défense outrée du gamin.
C’était un des messages les plus courants. Le ressenti principal était que le Président avait été vexé qu’on l’interpelle par son prénom.
Il se prend pour qui? Bah pour le Président. L’Autorité quoi. Alors je sais, de nos jours, c’est un gros mot, l’autorité. On n’a plus le droit de dire ça. On s’outre qu’un agent de police demande à être appelé « monsieur l’agent » ou qu’un médecin demande à être appelé « docteur ».
Et j’ai l’impression d’avoir 99 ans quand je trouve que c’est juste du respect. Comme je trouve qu’on vouvoie un serveur d’ailleurs. Comme je trouve qu’on appelle « madame » la caissière du Lidl. Je sais, je suis ringarde hein. J’applique des règles super bizarres du genre on ne tutoie pas un inconnu.
Les règles, c’est devenu le mal. On se croirait en 69 « il est interdit d’interdire ». Mais on oublie qu’en 69, il y avait une culture derrière. Ici, on ne doit plus rien interdire mais ne rien construire derrière non plus.
Oui. Bien entendu : par provocation, tous les ados sont capables de jouer la provoc. Et si c’est de la provoc, c’est justement parce qu’on sait que « ça ne se fait pas ». Sauf que quand les ados font ça, on leur apprend la vie. Parce que sinon, on en fait des gens qui entrent dans le bureau du directeur de leur future boite avec un « salut mec » pour un entretien, des gens qui disent « tu te prends pour qui » à un policier qui dresse un pv et je vous en passe.
Le respect… Un mot déballé à toutes les sauces par les jeunes actuellement. « il m’a traité, il me respecte pas », « hey, tu m’respectes! », « le prof m’a mis une note, il me respecte pas »…
Et le respect, ça s’apprend. Les limites aussi. Un animal apprend à ses petits les limites. Notre monde animal à nous s’est éloigné de cette base où les parents apprennent aux enfants à grandir pour s’adapter au monde.
On se retrouve au boulot avec des gens de 22-23 ans qui disent des trucs du genre:
Chez Macron, j’ai juste vu un prof. Un père. Un type qui donne une leçon d’éducation à un gamin qui a voulu se faire remarquer. Ce qui me perturbe ici, c’est que c’est vu comme scandaleux par certaines personnes. C’est devenu mal d’éduquer un gosse. On doit SURTOUT les laisser libres, les laisser s’exprimer et ne pas les brider. Et on en fait des inadaptés sociaux.
J’ai entendu cette dame dire à la radio que si quelqu’un parlait à son enfant sur ce ton, il aurait des comptes à lui rendre. Welcome dans l’univers de l’enfant roi. Ca résume pas mal les raisons pour lesquelles j’ai quitté l’enseignement.
Les profs veulent donner des armes aux enfants pour réussir dans la vie et des parents rament dans le sens contraire et t’accusent de te sentir supérieur.
« Viser l’excellence »… On accuse aussi Macron d’être pour la course à la réussite. Recentrons le truc : un gamin lui dit qu’il a déjà les points pour réussir d’avance le brevet. Il a gagné assez de points sur l’année donc. Macron lui dit qu’il faut quand même le passer et viser le meilleur. Et là, OMG, quelle hooooooonte : il partage des valeurs de réussite. S’il avait tenu ces propos à un enfant qui a du mal à l’école, j’aurais été d’accord. Mais bon sang, il aurait dû répondre quoi? « oh ben vas-y mec, rends une feuille blanche on s’en fout finalement »???? Sa réponse est NORMALE dans le rôle qui est le sien. Faut arrêter deux minutes de voir le dédain partout.
Moi j’ai vu ça :
Ah oui alors il y a ça aussi… L’enfant a été publiquement humilié! On vit dans une ère de médias. D’ailleurs pas sûre qu’il en aurait fait autant s’il n’y avait pas eu de caméras. Alors c’est pas de bol et c’est ce qui, je pense, est le plus embêtant dans cette affaire. Si elle n’avait pas été médiatisée, le gamin se serait juste pris une tape sur la main comme un chaton pas sage et il s’en serait vite remis. Sauf que, puisque le gamin, dans la vidéo, revient à la charge APRES le recadrage, même pas sûre qu’il l’ait compris, ce recadrage.
Rassurons-nous pour lui : à la vitesse où va l’information, tout le monde l’aura oublié dans quelques semaines.
PS : Lola, si tu lis ceci, dis-toi que t’as beaucoup de chance. Si tu étais ce gamin, je pense que je t’aurais appelée madame la Présidente pendant 6 mois minimum. Histoire que tu retiennes bien la leçon.
commentaires
nicolas decoudre
2018-07-05 17:24:02Maïe-l
2018-06-29 11:10:21Elodie
2018-06-26 10:51:48alex
2018-06-24 17:37:56Nath
2018-06-24 15:01:56Tittounett
2018-06-24 09:25:14